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« La Cité-jardin de la Butte Rouge : face aux paradoxes et limites d’une reconnaissance patrimoniale et sociale avérée, le paysage peut-il représenter un levier d’action ? »

by Bernadette Blanchon

Résumé

La Cité-jardin de la Butte-Rouge réalisée en 7 tranches de 1931 à 1965, constitue un élément majeur du patrimoine de la commune de Chatenay-Malabry, bien reconnu aux niveaux national et international. Pourtant le projet de rénovation inscrit dans la modification du PLU et porté par la Mairie prévoit une préservation très limitée et la transformation/démolition de la plupart du site.

Après un bref rappel des éléments de cette situation controversée, la communication reviendra sur quelques aspects transversaux entre données historiques et enjeux actuels, au prisme de la dimension du paysage, pour interroger le faible écho des arguments scientifiques et des actions d’associations locales pour une alternative à cette issue programmée.

L’exemplarité exceptionnelle, à la fois architecturale, urbaine, paysagère et sociale de ce quartier, depuis longtemps déclinée, s’est concentrée sur les dimensions architecturales et urbaines de ce patrimoine du XX° siècle (ce que confirme l’évolution du Label éponyme en Architecture contemporaine remarquable). Ses caractéristiques – celles d’un patrimoine ordinaire, social et paysager – seraient autant de dimensions à revaloriser au vu des enjeux des transitions sociale et environnementale en cours. Au-delà de son rôle de compensation environnementale, ces dimensions sont celles d’un paysage dessiné et structurant, mais aussi celles d’un marqueur unique de la construction d’un paysagisme moderne ancré dans une pratique de terrain, grâce à la contribution du paysagiste A. Riousse et à son rôle-clef dans l’enseignement de l’architecture et du paysage, ce sont encore celles de la gestion et de l’entretien dans le temps.

La dimension paysagère paraît une ressource à la fois reconnue et tenue à distance pour interroger simultanément la banalisation des figures de l’urbanisation de la banlieue du grand Paris et celle de la reconnaissance de formes à premières vue « ordinaires » du patrimoine – dont elle pourrait contribuer à renouveler l’approche.

A quelles conditions pourrait-on penser de nouveaux leviers, en revenant sur la déclinaison de ces dimensions patrimoniales et en explorant les modalités d’une approche paysagiste multi- scalaire, comme projet sur la longue durée ?

L’exposé s’appuiera sur une étude menée pour l’Institut CDC pour la recherche « Patrimoine, paysage et logement social » (ENSP, 2020), ainsi que sur les travaux réalisés au sein des modules « Espaces ouverts urbains / Lectures critiques de projet » (M1) à l’ENSP de Versailles, notamment en 2020-21.

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https://www.inventerlegrandparis.fr/link/?id=3390

DOI

10.25580/IGP.2021.0018

Bernadette Blanchon, Architecte dplg, Maître de Conférences à l’Ecole Nationale Supérieure de Paysage, Versailles-Marseille et chercheur au LAREP (Laboratoire de Recherche en Projet de Paysage), a collaboré au Bureau des Paysages dirigé par Alexandre Chemetoff. Ses travaux d’enseignement et de recherche portent notamment sur la constitution d’une culture paysagiste dans le contexte urbain de l’après-guerre. Elle contribué à de nombreuses publications, dont : Women, modernity and Landscape Architecture (2015), Le dictionnaire de La Défense (2012), Landscape Research (2011), Les Grands ensembles (2010), Les espaces publics modernes (1997).  Elle a été membre fondateur de la revue européenne JoLA, Journal of Landscape Architecture (www.jola-lab.eu) où elle a conduit une section de lecture critique de réalisations, Under the sky.

Français

La Cité-jardin de la Butte-Rouge réalisée en 7 tranches de 1931 à 1965, constitue un élément majeur du patrimoine de la commune de Chatenay-Malabry, bien reconnu aux niveaux national et international. Pourtant le projet de rénovation inscrit dans la modification du PLU et porté par la Mairie prévoit une préservation très limitée et la transformation/démolition de la plupart du site.

Après un bref rappel des éléments de cette situation controversée, la communication reviendra sur quelques aspects transversaux entre données historiques et enjeux actuels, au prisme de la dimension du paysage, pour interroger le faible écho des arguments scientifiques et des actions d’associations locales pour une alternative à cette issue programmée.

L’exemplarité exceptionnelle, à la fois architecturale, urbaine, paysagère et sociale de ce quartier, depuis longtemps déclinée, s’est concentrée sur les dimensions architecturales et urbaines de ce patrimoine du XX° siècle (ce que confirme l’évolution du Label éponyme en Architecture contemporaine remarquable). Ses caractéristiques – celles d’un patrimoine ordinaire, social et paysager – seraient autant de dimensions à revaloriser au vu des enjeux des transitions sociale et environnementale en cours. Au-delà de son rôle de compensation environnementale, ces dimensions sont celles d’un paysage dessiné et structurant, mais aussi celles d’un marqueur unique de la construction d’un paysagisme moderne ancré dans une pratique de terrain, grâce à la contribution du paysagiste A. Riousse et à son rôle-clef dans l’enseignement de l’architecture et du paysage, ce sont encore celles de la gestion et de l’entretien dans le temps.

La dimension paysagère paraît une ressource à la fois reconnue et tenue à distance pour interroger simultanément la banalisation des figures de l’urbanisation de la banlieue du grand Paris et celle de la reconnaissance de formes à premières vue « ordinaires » du patrimoine – dont elle pourrait contribuer à renouveler l’approche.

A quelles conditions pourrait-on penser de nouveaux leviers, en revenant sur la déclinaison de ces dimensions patrimoniales et en explorant les modalités d’une approche paysagiste multi- scalaire, comme projet sur la longue durée ?

L’exposé s’appuiera sur une étude menée pour l’Institut CDC pour la recherche « Patrimoine, paysage et logement social » (ENSP, 2020), ainsi que sur les travaux réalisés au sein des modules « Espaces ouverts urbains / Lectures critiques de projet » (M1) à l’ENSP de Versailles, notamment en 2020-21.


Je voudrais aborder le cas de la cité-jardin de la Butte Rouge à Châtenay-Malabry à partir de la question du paysage, et mettre en évidence le paradoxe que constitue la reconnaissance patrimoniale et sociale avérée de la cité-jardin vis-à-vis du projet de démolition partielle porté par la Ville. J’interrogerai ensuite la manière dont la dimension du paysage pourrait prendre plus de place pour constituer à terme un levier de compréhension et d’action qui me semble d’actualité.

 

Paysagisme et logement social : un lien fructueux pour l’enseignement, la recherche et la pratique

Je travaille depuis longtemps comme chercheuse sur la cité-jardin de la Butte Rouge et celle-ci a souvent constitué un exemple majeur pour l’enseignement, notamment dans le cours d’histoire du paysagisme que je délivre à l’Ecole nationale supérieure du Paysage de Versailles (ENSP) (niveau M1). En 2009-2010 j’avais travaillé avec Vanessa Fernandez (Ensa Paris-Belleville) sur les archives Sirvin et produit dans ce cadre plusieurs publications[1] sur le sujet. Nous avons aussi beaucoup travaillé sur la Butte Rouge lors de travaux dirigés avec les étudiants de l’ENSP dans la première décennie des années 2000, puis nous nous sommes tournés vers d’autres cas d’études comme les cités-jardins de Stains, Suresnes ou des projets de grands ensembles ou de ZAC. À l’époque nous n’imaginions pas qu’il puisse exister la moindre menace sur ce patrimoine emblématique, même si nous savions que des projets étaient en cours avec la S.E.M. 92. L’actualité nous a fait réintégrer l’exemple de la Butte Rouge dans les T.D., et en 2020-21, les étudiants[2] ont travaillé sur des ensembles de bâtiments moins souvent évoqués comme le bâtiment horizon en vis-à-vis de la demi-lune (Tranche 5, 1955) ou les plots en frange de la forêt (Tranche 7,1963-65). [ Voir Fig. 1 ] [ Voir Fig. 2 ]

Je signale une tribune de Jean-Louis Cohen dans Le Monde qui demande que le classement d’office de la Butte Rouge soit enfin posé au titre du patrimoine (Le Monde, 11 septembre 2021, « Reconstruction de la Butte-Rouge, à Châtenay-Malabry : « Guerre aux démolisseurs » des cités-jardins »).

En 2020 j’ai remis à l’Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts une étude[3] sur quatre ensembles de logements sociaux à caractère patrimonial avéré et fortement paysager (La Butte Rouge, La Cité de la Plaine à Clamart, Les Lochères à Sarcelles, La Maurelette à Marseille). Cette étude analyse les liens entre gestion, projet de paysage, connaissances historiques et enjeux patrimoniaux. De nombreuses rencontres avec les associations locales ainsi que les archives constituent un corpus de ressources important pour ces études. Par ailleurs des ouvrages ont été réalisés sur le sujet des cités-jardins, notamment Les cités-jardins d’Île-de-France. Une certaine idée du bonheur (2018), ou Des cités-jardins pour le XXI° siècle (2022), par l’Association régionale des Cités-jardins d’Île-de-France. Prochainement, un Landscape book dans lequel j’évoque le parc André Malraux de Jacques Sgard, le parc Saint-John Perse de Jacques Simon et la Butte Rouge vue du coté paysage en tant que tel sera publié par Docomomo International (à paraître en 2024).

Quelque soient les approches et travaux menés, plusieurs questions sont récurrentes concernant le devenir de ces logements à caractère patrimonial, comme celle de l’isolation des bâtiments – par l’extérieur ou par l’intérieur ?, celle de la « résidentialisation » des espaces extérieurs sur laquelle on reviendra plus loin, ou, plus globalement celle de la démolition-reconstruction au détriment des pratiques de réhabilitation, comme c’est ici le cas[4]. Les projets de rénovation des ensembles de logements créés au XX° siècle font généralement l’objet d’un dosage plus ou moins subtil entre différentes résolutions.

Démolir pour changer le visage du quartier et modifier sa population : une solution de facilité répétée ?

Il semble que l’intérêt pour les réalisations du XX° siècle soit particulièrement limité dans un certain nombre de communes des Hauts de Seine, voire ait pu y faire l’objet d’un rejet explicite[5]. Des banlieues très vertes jusqu’il y a peu, se sont densifiées et les transformations de la promotion immobilière ont conduit à une certaine uniformisation où se mêlent divers pastiches, au détriment des réalisations de la période 1930-1970.

L’équipe lauréate du concours international de 2015 portant sur la rénovation de la cité-jardin de la Butte-Rouge (étude urbaine et plan-guide) a apporté une vision plus tempérée, associant considération pour l’héritage moderne et principes de conception fondés sur l’existant. Ainsi les démolitions et constructions proposées dans le projet d’aménagement produit en 2015 par les architecte, urbanistes et paysagiste, Claire Schorter et Jacqueline Osty, restaient situées et argumentées, quoique sans doute encore discutables. Mais je précise ici que leur démission était due précisément à un différend avec le maire, à propos des choix et quantité de bâtiments à démolir. Ajoutons que la mise au point du projet était soumise au suivi d’un comité de pilotage impliquant des membres représentatifs variés (chercheurs et praticiens reconnus, ayant droits, associations, institutionnels…) et garant d’un partage a minima des réflexions, lequel n’a pas survécu à cette démission.

En 2018 a été opéré un transfert de propriété de la cité-jardin de la Butte-Rouge de Hauts-de-Seine Habitat à Hauts-de-Bièvre Habitat, une coopérative HLM d’Antony et Chatenay-Malabry. Un nouveau projet est défini pour la Butte-Rouge, et il est inscrit dans la modification du PLU. Les documents attachés à l’enquête publique menée du 10 décembre 2020 au 11 janvier 2021, à propos de la modification du PLU, montrent la préservation stricte de seulement environ 15% des bâtiments tandis que jusqu’à 85 % des 3300 logements sociaux devraient ou pourraient être démolis[6] (avec certaines reconstructions). [ Voir Fig. 3 ]

Les avis défavorables en C.R.P.A (Commission régionale du Patrimoine et de l’Architecture, avril et septembre 2019) et les 85 % d’avis défavorables de l’enquête publique[7] n’empêchent pas l’avis favorable du commissaire enquêteur. Ce dernier indique une volonté de classement de la cité-jardin en S.P.R. (Site Patrimonial Remarquable), portée notamment par la ville de Châtenay-Malabry. Toutefois, l’adoption bienvenue du principe d’un S.P.R est modérée par sa soumission aux prescriptions du nouveau PLU dont notamment l’adoption d’îlots tests qui prévoient la démolition de quatorze bâtiments et trois lourdement rénovés[8]. En Juillet 2021, un appel d’offre de maîtrise d’œuvre demandant un paysagiste mandataire a été lancé[9], pour l’établissement d’un plan-guide de l’ensemble de la cité-jardin, avec remise des offres pour le 30 Septembre 2021[10]. Au final, en dehors des quelques bâtiments conservés, la plupart des autres serait soumis soit à une reconstruction / démolition, soit à une possibilité de surélévation et d’épaississement, ce qui évidemment modifierait considérablement leur perception et la réalité des parcours dans la cité-jardin. Notons que le périmètre de ce SPR, dont la protection se limiterait à 50% de la cité-jardin, a fait l’objet d’une nouvelle enquête publique menée du 2 au 26 avril 2024, à l’issue de laquelle la commissaire enquêtrice a approuvé le principe du SPR « sous réserve (…) d’étendre ce périmètre à toute la partie enclose entre le Boulevard de la Division Leclerc et la forêt de Verrières. »[11] [ Voir Fig. 4 ]

En effet, le cas de la Butte rouge et de son fort ancrage paysager justifieraient un traitement à la fois plus large et plus nuancé, plus respectueux, à la mesure de ses qualités croisant Urbanisme, Architecture et Paysage. C’est ce travail subtil qui a fédéré les 7 phases de réalisations dans un site complexe, et qui a permis que cet ensemble nous parvienne près de 60 ans plus tard quasi intact.

 

Une exemplarité patrimoniale unique

Toutes les transformations prévues dans le projet de rénovation de 2021 vont affecter un patrimoine paysager exceptionnel décliné ici sur plusieurs registres. Il s’inscrit dans l’idéal social d’éducation à la beauté par l’accès à la Nature, au végétal et notamment l’Arbre, porté par Henri Sellier, instigateur des cités-jardins d’Ile de France. Il défendait le soin porté aux espaces extérieurs et le recrutement de professionnels de qualité. C’est la première fois que l’OPHBM fait appel à un paysagiste, ajoutant ainsi au patrimoine arboré exceptionnel celui d’un paysage pensé et composé.

Pour exemple, sur la place François-Simiand avant le chantier, on avait préservé les arbres de la forêt existante [ Voir Fig. 5 ] . Une carte postale réalisée un peu plus tard montre aussi l’apport d’une végétation plus horticole, dessinée, conçue et aménagée par le paysagiste, non des moindres, André Riousse (1895 – 1952). Cet architecte D.P.L.G. avait repris l’entreprise de jardins de son père et s’était installé comme paysagiste, à la fois concepteur et entrepreneur, comme on pouvait le faire à l’époque. C’était aussi le premier enseignant de la Section du paysage et de l’art des jardins[12], et de nombreux étudiants de la « section » iront visiter la Butte Rouge avec lui. Décédé précocement, son enseignement sera repris par Théodore Leveau (qui a travaillé avec Jean-Claude Nicolas Forestier). Tous deux transmettent alors cet héritage du grand siècle français enseigné à l’École des Beaux-Arts. Longtemps ignoré, on connait mieux aujourd’hui le travail d’André Riousse, malgré le peu d’archives retrouvées [ Voir Fig. 6 ] . Dans sa publication des écrits d’Henri Sellier, Bernard Marrey[13] montrait déjà en couverture de l’ouvrage une image mentionnant André Riousse paysagiste [ Voir Fig. 7 ] . Ce travail paysager d’André Riousse, encore insuffisamment étudié et diffusé, est pourtant très important à la Butte Rouge et apporte une qualité patrimoniale supplémentaire et particulière à cette cité-jardin unique.

Moins mises en avant que les parties réalisées dans l’entre-deux-guerres, des tranches comme celles du plateau notamment, ou quartiers des Aviateurs, entre le futur tramway et la forêt, et très convoitées aujourd’hui par la promotion immobilière. Elles avaient fait l’objet d’un travail précis de sélection d’arbres de la forêt, pour installer une forme urbaine nouvelle. Sorte d’hybride entre le modèle du close[14] des cités-jardins d’origine et les idées modernistes sur l’ensoleillement, le projet mis en œuvre pour cette 4ème tranche (1950-1952) du plateau définit des parties circulées et des intérieurs d’îlots avec jeux d’enfants et autres aménités [ Voir Fig. 8 ] . Cet endroit de la cité est vraiment très intéressant, mais il sera a priori soumis aux démolitions / reconstructions programmées, à des épaississements, etc.[15] Se pose aussi la question de la conservation de ce patrimoine arboré dans ces conditions de proximité des bâtiments…

D’autres tranches, comme la tranche 6 (1958-1960), quartier des Peintres[16], comportent aussi des éléments d’insertion dans le relief et de lien avec des structures végétales composées (des ifs, des figures de symétrie) [ Voir Fig. 9 ] , ou encore, dans la tranche 5, ce bâtiment horizon évoqué précédemment, qui sont aussi des éléments importants contribuant à la définition de ce patrimoine singulier.

La situation actuelle découle aussi de la façon dont on a considéré la Butte-Rouge auparavant. Dans les années 1980-90, le classement d’une cité-jardin ou d’un ensemble de logements sociaux, aussi éminents soient-ils, n’était pas envisagé y compris pour ne pas en compliquer la gestion par les organismes HLM.  De plus, l’hétérogénéité d’ensembles réalisés au long de nombreuses phases était sans doute peu conforme aux critères de protection de l’époque. Enfin il ne venait à l’idée de personne que cette cité emblématique reconnue internationalement puisse être menacée ![17]

 

Pour une approche multi-scalaire

Je voudrais maintenant revenir sur une idée simple, mais qui reste encore à mettre en œuvre, celle d’une approche multi-scalaire, à dimension prospective. Elle serait caractéristique de l’approche paysagiste et elle permet la lecture de l’existant, la lecture du projet d’origine, et elle permet aussi de penser des évolutions possibles avec des vecteurs de représentation particuliers.

Cette approche multi-scalaire conjugue :

  • une échelle territoriale, avec l’insertion du site dans un contexte élargi,
  • l’échelle du quartier, qui par sa structure d’espaces ouverts définit des espaces de sociabilité,
  • et enfin l’échelle de la matérialité des lieux, celle à laquelle on les pratique.

Cette dernière échelle, avec ses qualités à l’échelle du corps, est organisée selon trois modes :

  • les dispositifs végétaux (mails et filtres végétaux) ;
  • les dispositifs de nivellement liés au dessin du sol ;
  • enfin le jeu des masses bâties, très important ici et qui modifie beaucoup la perception de l’espace (angles de bâtiment non fermés, par exemple, permettant des circulations visuelles et mentales).

Nous pouvons donc appliquer cette approche à la Butte Rouge, dans son état d’origine, son actualité, et dans l’idée prospective que l’on peut s’en faire.

À l’échelle géographique donc, la Butte Rouge est incluse dans un réseau d’espaces plantés, d’espaces ouverts, et on pourrait par exemple signaler, grâce à une borne historique plantée devant le parc de Sceaux, le bâtiment de la demi-lune que l’on aperçoit à l’horizon, ainsi que la tour de la place Cyrano de Bergerac et le quartier des Peintres [ Voir Fig. 10 ] . La Butte Rouge est vraiment imbriquée dans le territoire. La mise en réseau, déjà préconisée par Henri Sellier pour l’extension de l’agglomération parisienne dans l’entre-deux-guerres, pourrait être remobilisée à l’aune d’une actualisation de ces problématiques, avec la mise en réseau de ces surfaces perméables, végétalisées, la recréation d’un système de parcs, mais aussi la prise en compte d’une réflexion sur les îlots de chaleur. À Aubervilliers, la destruction des terrasses du quartier de la Maladrerie[18] avait été interrompue par la mairie dès lors que l’on s’est aperçu que ces grands ensembles, dont également l’ensemble des Courtillières proche, permettaient des îlots de fraicheur. Cette mise en réseau des espaces ouverts a un impact localement. Le caractère rustique de la Butte Rouge, avec son horizon forestier partout présent, n’est pourtant pas toujours clairement adopté dans les images perspectives sur le futur de ce quartier, alors que cet aspect en traduit l’essence même. [ Voir Fig. 11 ]

À l’échelle du plan de masse, du plan d’ensemble et du quartier, il est intéressant de revenir sur ces dessins très précis effectués par André Riousse et l’équipe d’architectes, dessins qui montrent bien un travail en plan et une composition, associés à un travail très fin sur le cheminement, le nivellement et les vues [ Voir Fig. 12 ] . Certaines des vues sont bloquées, d’autres doivent passer, mises en relation avec la grande tour signal, etc. Il serait donc intéressant, pour les futurs projets du P.L.U ou du SPR, de ne pas seulement considérer cette composition comme un plan mais comme un travail beaucoup plus complexe, en trois dimensions, qui serait perdu avec les surélévations et épaississements envisagés. Ces transformations aboutiraient à un projet n’ayant plus rien à voir avec ce qui existe actuellement et dont les qualités sont nettement perceptibles ; ces dispositifs paysagers qui associent tradition classique et gout du pittoresque, sont des témoignages rares de cette époque.

À l’échelle des dispositifs spatiaux, on constate toute une déclinaison de l’art d’articuler les lieux entre eux, par un travail sur le sol et sur les bâtiments. Il existe notamment beaucoup de lieux intermédiaires entre le bâti et les espaces extérieurs, lieux que l’on ne sait pas forcément penser, financer et mettre en œuvre aujourd’hui. Ceux-ci modifient pourtant considérablement la qualité de vie, le lien entre la vie en plein air et la vie à l’intérieur des logements, grâce aux vues, aux balcons, aux systèmes végétaux, à l’insertion des arbres, etc. Ces systèmes qui relèvent d’un savoir-faire magistral sont aujourd’hui insuffisamment observés, repérés et compris. Ils méritent d’être préservés en tant que dessin du sol et de lieux de vie en plein air – comme ces assises abritées qui relient des bâtiments entre eux, autour des places et squares [ Voir Fig. 13 ] . On constate une capacité à s’installer dans la pente, à ménager à la fois des vues et des cheminements, et aussi à constituer une hiérarchie d’espaces collectifs d’usages différents. Et lorsque l’on voit, par exemple, le petit îlot construit en 2017 à la place d’une partie du groupe scolaire Léonard de Vinci, on ne peut que douter de la capacité des architectes ou des promoteurs actuels à s’insérer dans ce site en pente au sous-sol complexe (sans glisser…), et déplorer les choix qui ont été faits en matière d’articulation des espaces collectifs aux espaces privés (de simples grilles, souvent fermées), loin des principes même de la cité-jardin…

Je retiens donc dans la conception originale de la Butte Rouge toute cette intelligence de la relation bâti / espaces extérieurs, et ce dessin du sol conçu comme un projet de paysage. Ce n’est donc pas seulement ce patrimoine arboré et cette quantité végétale bien souvent mise en avant et reconnue mais bien l’idée du projet de paysage qui doit être vue et retenue.

 

Gestion et évolution

Le mauvais état dû à l’absence d’entretien sert souvent de justification aux démolitions, alors que précisément c’est la volonté de démolition qui cause ce manque d’entretien, et même si les journaux télévisés montrent des pièces humides moisies, cela ne prouve pas qu’il faille démolir. Des associations locales, telles que Chatenay-Patrimoine-Environnement, Environnement 92 ou Sauvons la Butte Rouge, ont montré et transmis l’attachement des habitants à la cité… en même temps qu’elles ont cherché à mieux faire connaitre la cité-jardin[19] localement et bien au-delà. Des associations nationales comme Sites et Monuments ou Docomomo ont également pris le relais, suivi jusqu’au niveau International.

Sur le plan paysager, cette absence d’entretien révèle surtout une méconnaissance du projet d’origine et de ses apports en termes de qualité de vie. Si la connaissance de ce projet de paysage dessiné, pensé et conçu, appelle à sa prise en compte dans les pratiques de gestion, encore faut -il que cette connaissance soit enseignée, transmise, partagée. Sinon, comment être cohérent avec un projet que l’on ne sait pas voir ? Cela pose aussi la question annexe de la formation des jardiniers. Dans le cadre d’une protection totale par un classement au titre des Monuments historiques, l’ensemble des défenseurs de la préservation (associations, ayants-droits, chercheurs, universitaires, habitants…) et notamment tous ceux qu’animent l’exploration et la compréhension du paysage comme projet espèrent obtenir que ces éléments d’aménagements extérieurs paysagers soient eux aussi respectés.

Pour exemple, si l’on suit l’évolution de l’axe piéton Lucien Herr, nous voyons que les catalpas ont été arrachés (malades, semble-t-il) et remplacés par des cerisiers à fleurs car on considérait que ces arbres à grandes feuilles faisaient trop d’ombre – et trop de feuilles à ramasser. Cette ombre serait aujourd’hui bienvenue lors des épisodes de canicule et renforcerait la lutte contre les ilots de chaleur pour laquelle le quartier de la Butte Rouge présente aujourd’hui un potentiel important à préserver [ Voir Fig. 14 ] . Dans le haut de la pente, des cyprès ont été plantés car ils ne demandent pas d’entretien, les feuilles ne tombent pas dans les jardins familiaux, etc. Ces choix ne sont pas du tout en phase avec le caractère rustique évoqué précédemment, ces cyprès renvoient à des images des années 1930 plutôt sur la Riviera, en région PACA qu’à la Butte Rouge… [ Voir Fig. 14 ] . De même, sur la place François Simiand, l’un des deux ifs en symétrie de l’axe a été supprimé tandis que l’autre subsiste difficilement [ Voir Fig. 15 ] . La pièce d’eau a été asséchée. Des cerisiers autour desquels s’organisaient des fêtes ont été coupés… Un peu plus loin un petit bois de châtaigniers très poétique a été coupé. Les emmarchements ou murets disparaissent. Ainsi, progressivement, le dessin paysager s’efface, les structures végétales disparaissent ainsi que le mobilier urbain pensé pour ces espaces.

Rappelons que les structures de gestion sont passées d’une gestion interne centralisée au niveau du département à des interventions ponctuelles aujourd’hui externalisées qui ne peuvent évidemment pas prétendre à une connaissance fine du terrain. Le service des Parcs et Jardins, chargé de l’entretien des cités-jardins, relevait d’une structure commune interdépartementale (l’Office Interdépartemental de la Région Parisienne ou OIRP) jusqu’en 1983, au-delà de la partition du département de la Seine en 1968, et sa direction était assurée par un élève d’André Riousse, Mr Bertereau, alors responsable de « tout le capital vert de l’ancien Office d’HBM de la Seine »[20]. Après son départ à la retraite l’entretien a donc été départementalisé puis externalisé et des savoir-faire ont été perdus. Aujourd’hui les logiques d’entretien sont pour beaucoup techniques et économiques. La loi Labbé de 2014 préconise un entretien sans pesticide qui a conduit au remplacement d’un certain nombre de surfaces autrefois engazonnées, et cela donne parfois des choses intéressantes, comme des surfaces de petits rosiers par exemple. Mais le remplacement de certains végétaux par des palmiers était-il indispensable dans ce contexte ? Ainsi, comment faire sans cadre patrimonial reconnu pour orienter cet entretien, et pour garantir, lors de la démolition ou des élargissements de bâtiment prévus, la préservation de ces dispositifs paysagers ? Comment, par exemple, ces nombreux trottoirs intégrant une zone végétalisée pourront-ils être préservés dans le chantier ?  [ Voir Fig. 16 ]

 

Paradoxe de la reconnaissance patrimoniale de la Butte Rouge : le paysage comme levier d’actualité ?

Alors qu’il semble que l’on ait tout ce qu’il faut, l’architecture, une composition urbaine, un projet de paysage, un patrimoine arboré, des qualités environnementales et des conditions sociales favorables, la Butte Rouge échappe paradoxalement aux mesures de protection traditionnelles. Les nombreuses voix qui s’élèvent ne trouvent aucun écho. Pourtant Jean-Louis Cohen rappelle que ces mesures ont concerné des cités comme Stains, Suresnes ou des sites plus larges, soit toute une déclinaison de contextes divers (voir note 17).

En réponse, la ville ne manque pas de rappeler les injonctions contradictoires des services de l’Etat : si des voix émanant du ministère de la Culture appellent à préserver la cité-jardin, le ministère du logement exige non seulement de combler le déficit issu de la mise aux normes des logements (évalué à environ 800 logements), mais également la création de nouveaux logements (soit plus 1000 environ) pour pallier le manque d’offre en région parisienne, soit au total 4300 logements sur la cité-jardin[21]. Des conventions sont établies avec l’ANRU[22], avec des principes d’action – démolition, innovation et financement par de nouvelles opérations, paraissant peu compatibles avec toute visée patrimoniale ou même environnementale, compte tenu de l’impact des démolitions sur le sol et les végétaux, et de la faiblesse des pratiques de recyclage. Il semble donc que les incohérences des services de l’État – particulièrement déconcertantes au sein même du ministère en charge de la protection de ces sites, se soient conjuguées au désintérêt de la municipalité pour le patrimoine du XXème siècle[23] et à sa volonté de modifier une population socialement défavorisée au profit d’une recherche de mixité permise par l’ouverture à la promotion privée et l’arrivée du tramway.

On peine, à l’heure de l’urgence climatique, à identifier une priorité garante de la préservation des acquis majeurs ici, sociaux et environnementaux, que ce soit de la part de l’Etat ou de la Ville. Le parti pris municipal est d’ailleurs confirmé par l’absence d’adhésion de Châtenay-Malabry à l’association des cités-jardins d’Île-de-France, dont la vocation est la valorisation et la préservation des cités-jardins adhérentes[24].  Ainsi en l’absence d’arbitrage de l’État en faveur d’une protection complète, un « compromis » achèverait aujourd’hui d’entériner un projet largement décrié par ailleurs, aux niveaux international, national et local… universitaire, patrimonial et pratique[25].

Or, face au besoin de modèles forts de réponse à la crise écologique et sociale – tant pour les bâtiments (ne pas démolir, recycler), que pour les espaces extérieurs (préserver les sols perméables et la richesse végétale), ne peut-on penser ce patrimoine paysager comme une ressource particulière pouvant faire levier de compréhension globale et d’actions adhoc permettant de sortir de la situation actuelle ? La cité-jardin de la Butte Rouge est unique. Elle est un témoin exceptionnel et irremplaçable, et si on ne préserve pas cette cité-jardin, les réflexions sur le patrimoine semblent bien vaines…

Je pense tout d’abord que la dimension environnementale liée à la perméabilité du sol est essentielle. Elle peut être un argument face au projet de densification des logements qui semble inévitable, comme évoqué plus haut. Il faudrait ensuite passer d’une gestion locale à cette idée globale d’une mise en réseau des surfaces vertes, celles des grands ensembles, des cités-jardins et des parcs, soit tout de même 40 hectares de surfaces perméables à la Butte Rouge. Enfin, il faut mettre en avant l’idée du projet dessiné, du paysagisme urbain. Ce sol est dessiné, en plan, en coupe, dessiné dans une perspective dynamique à plusieurs échelles, et aussi dans le temps. On retrouve des exemples de ces dispositifs à vocation climatique à la cité de la Maurelette à Marseille, ou à la cité de la Plaine à Clamart. Pour cette dernière, Robert Auzelle avait dessiné des dispositifs composés de peupliers explicitement destinés à répondre aux vents dominants. Les bâtiments de logements en L suivaient cette même logique d’orientation. Mais les observations de terrain couplées à la compréhension historique issue du travail en archives, sont trop vite remplacées par des a priori réducteurs de la place de la « nature » en milieu urbain : par exemple à Clamart, les « L » protecteurs se voient reproduits sans la contextualisation qui les justifie, tandis que le parc Robert Auzelle constitué autour d’un bassin « écologique » fabriqué de toutes pièces sanctuarise un espace ouvert à vocation ludique et dynamique…  Au Plessis-Robinson une fausse rivière a été aménagée… Et c’est cette même « logique » réductrice qui se reproduit aujourd’hui dans le projet de SPR soumis en mai 2024 – et validé en Juillet 2024, qui limite la protection à 50% du site, niant sa cohérence globale ; sur le plateau, la protection d’une unique bande bâtie encadrant le parc vide l’ensemble de son sens, et traduit une vision de la préservation limitée à des éléments-témoins montrant l’aspect le plus « monumental » de la cité-jardin – à rebours des approches actuelles[26].

Toute cette compréhension historique milite pour une prise en compte des héritages paysagers, urbains et architecturaux, pour un intérêt des apports du patrimoine existant, et pour une économie de moyens qui nous semble essentielle. Il s’agit là de reconnaitre un patrimoine « ordinaire », celui du XX° siècle, celui du logement social, celui du projet paysager -qui n’est pas limité à sa dimension végétale, afin de le préserver dans sa complexité, sans le figer.

Une vigilance particulière sera requise pour préserver les dispositifs de transitions ou de mises à distance évoqués plus haut au regard des pratiques courantes de résidentialisation portées notamment par l’ANRU. Comment se matérialisera le découpage du site entre promotion privée, logements sociaux et immeubles intermédiaires ? Qui sera garant des ouvertures et continuités actuelles ? Et de la préservation des savoir-faire présents ici ? A Clamart, l’Office municipal a vendu certains bâtiments mais conservé la main sur tous les espaces collectifs et publics. A Sarcelles, certains îlots n’ont pas été résidentialisés et conservent des qualités d’ouverture et de plantations appréciées, que des grilles (elles-mêmes détériorées depuis) ont détruites ailleurs.

Gardons à l’esprit les exemples « positifs » qui existent. Notamment à l’étranger. Pourquoi et comment a-t-on su protéger certaines cités du Modernisme comme le Hufensensiedlung (Berlin, 1925-1930) de Bruno Taut avec le paysagiste Leberecht Migge[27] ? Ou encore à Londres[28] où le Garden Museum a permis la restauration de quartiers de l’après-guerre dans leur paysage de proximité ? Il faudrait en comprendre les modes de financement et les règlements mobilisés.

On regardera aussi avec intérêt les projets où le paysage joue un rôle majeur. Je reviens souvent à ce projet de La Caravelle de Jean Dubuisson, à Villeneuve-la-Garenne, non pas pour évoquer le projet de réhabilitation et de redécoupage architectural de Roland Castro mais pour mettre en avant le projet de paysage porté par l’agence HYL, notamment par Christophe Laforge, où un re-dessin du travail du sol, respectueux de l’esprit du lieu a été effectué.

Les politiques patrimoniales ont évolué. Il y a quarante ans, on ne voulait pas protéger la Butte Rouge parce qu’elle était hétérogène. Aujourd’hui peut-être va-t-on finir par la protéger parce qu’elle est en passe d’être démolie…Il me parait important d’aller vers une politique valorisant le temps long de l’aménagement et de la vie de la cité -jardin.  Si on ne la démolit pas aujourd’hui, dans dix ans on ne le regrettera pas. Elle témoigne en effet d’évolutions en cours, de transitions en cours, avec une sobriété, une économie de moyens, un rapport à la matière, au sol qui est la perspective que nous avons aujourd’hui pour demain, bien plus porteuse de sens et de connaissance, de diversité et de richesse d’usage que la perspective de court terme envisagée, peu cohérente avec les enjeux climatiques actuels.

Figures et illustrations

Figure 1 :

Plan de la cité-jardin de la Butte Rouge, Chatenay Malabry © C. Alder-Larep, 2011

Figure 2 :

Les 7 tranches de construction de la cité-jardin de la Butte Rouge © Archives municipales-Larep

Figure 3 :

Plan du patrimoine bâti, Chatenay-Malabry, PLU 2021. En rouge : les bâtiments conservés. Source : dossier PLU soumis à enquête publique du 10/12/2020 au 11/01/2021, volet 4.3 accompagnant le 2.1- 0AP, Orientations d’aménagement et de programmation de la cités-jardins de la Butte Rouge. Décembre 2020

Figure 4 :

Plan cadastral du périmètre de Site Patrimonial Remarquable (SPR) proposé. Enquête publique, avril 2024

Figure 5 :

La place François Simiand, 1ère tranche. A gauche : en cours de chantier ©Archives privées Sirvin. A droite : carte postale dans les années 1950 © Collection Guillerm

Figure 6 :

André Riousse, caricature de Jean Challet, élève de la première promotion de la Section du paysage et de l’art des jardins (1946-47) © Archives ENSP.

Figure 7 :

La place Jean Allemane, 2ème tranche (1935-39). A gauche : Les acquis d’une croissance végétale (70 à 90 ans) source d’aménités, essentielle à préserver. Haut : vers 1950 © Archives Bourne ; Bas : 2010 © Blanchon. A droite : dessin aquarellé des espaces plantés. Entreprise Riousse, vers 1933 © Archives privées Sirvin.

Figure 8 :

Quartier des aviateurs sud 4ème tranche (1950-52), un ensemble de closes « à l’anglaise ». A gauche : Situation en frange de la forêt de Verrières, vue aérienne vers 1948 © Archives privées Sirvin ; Bas : plan d’implantation 4° tranche, 1950-1954, avec mention des arbres existants conservés (lignes pleines) ou abattus (pointillés). Hybridation du modèle du close et des idées modernes sur l’ensoleillement, le plan cherche clairement à préserver le maximum d’arbres, les bâtiments s’insèrent dans le site boisé. © Archives privées Sirvin. A droite : vues du quartier des Aviateurs sud, Haut : 2011, Bas : 2007 © Blanchon-Larep

Figure 9 :

Quartier des Peintres, 6ème Tranche (1958-1960). Un végétal composé qui dialogue avec les bâtiments : des ifs cadrent les passages sous bâtiments qui s’enchainent dans la pente. Aujourd’hui ils ne sont ni vus, ni entretenus. © Blanchon-Larep. NB : cette partie de la cité-jardin, située de l’autre côté de l’avenue de la Division Leclerc, est absente de l’actuel projet de transformation, ainsi que du plan de transformation inclus dans le PLU, document OAP. Au motif de son « autonomie », d’après l’enquête publique. Pourtant la composition s’inscrit dans le tracé d’ensemble et dialogue avec les premières tranches.

Figure 10 :

Vue de la cité-jardin de la Butte rouge depuis la terrasse du Parc de Sceaux. On distingue, de droite à gauche : la tour de la place Cyrano de Bergerac (Tr.3, 1948-50), la Demi -lune (Tr.4, 1950-52), les bâtiments du quartier des Peintres (Tr.6, 1958-60) © Pauline Frileux, annoté par Blanchon

Figure 11 :

L’horizon forestier à la Butte Rouge, une caractéristique à préserver. A gauche : le site vers 1931 © Archives municipales Chatenay-Malabry. A droite haut : vue en 2018 depuis l’avenue Albert Thomas (1ère tranche, 1931-33), une entrée dans la cité-jardin depuis l’avenue de la Division Leclerc © Blanchon-Larep. Bas : Le quartier des Aviateurs-Sud (4° tranche, 1950-52), en frange de la forêt de Verrières. Droite : Le quartier intègre quelques sujets de la forêt ; Gauche : Vue vers la forêt © Blanchon-Larep

Figure 12 :

Plan couleur du projet d’aménagement de la première tranche, dont l’axe piéton Lucien Herr, avec indication des vues ouvertes / bloquées. Les trottoirs végétalisés sont bien lisibles sur la plupart des rues. Entreprise Riousse, vers 1933. A gauche : Zoom sur les axes de vues (extrait) ©Archives privées Sirvin. En bas : l’axe piéton, rue Lucien Herr en 2009 © Blanchon-Larep

Figure 13 :

Détails, dispositifs d’articulation bâtiments-espaces extérieurs, dont espaces abrités rue Robert Hertz ou rue Francis de Pressensé © Blanchon-Larep

Figure 14 :

Evolution de l’axe piéton Lucien Herr. A gauche : 2011, le mail de Catalpas d’origine, planté dans les années 1930, apporte une ombre généreuse © Blanchon-Larep ; au centre : 2018, les Catalpas vieillissants ont été remplacés en 2016 par des cerisiers à petite feuilles afin de limiter l’ombrage et les contraintes liées aux chutes de feuilles. Aujourd’hui les choix seraient sans doute différents © Blanchon-Larep ; à droite : 2017, des cyprès ont été ajoutés en partie haute de l’axe piéton, choisis pour leur absence d’entretien et de chute de feuilles. Leur aspect méditerranéen et précieux dénote avec le caractère rustique de la cité-jardin © Blanchon-Larep

Figure 15 :

Evolution de la place François Simiand. A gauche : fin des années 1930. On remarque les jeunes ifs destinés à marquer l’axe de l’avenue Albert Thomas. Au premier plan un cerisier © archives municipales ; au centre : 2005. Les ifs symétriques coté avenue Albert Thomas se sont bien développés. Toutefois, ils auraient besoin d’entretien. © Blanchon-Larep ; à droite : 2018. L’un des ifs a été coupé. Le cerisier a été remplacé par un cèdre bleu © Blanchon-Larep

Figure 16 :

Ces trottoirs végétalisés vont disparaitre dans le cadre des transformations (épaississements, rehaussements) des bâtiments. Voir aussi plan FIG. 11. On voit que ce futur chantier sera source de nombreuses destructions d’arbres, dont certains anciens et bien développés © Blanchon-Larep. A droite : Aménagement de la rue Eugène Varlin, trottoirs plantés (1ère tranche). Entreprise Riousse. © Archives privées Sirvin