Inscription du séminaire dans les travaux du collectif IGP
Sauf erreur de notre part, ce séminaire est le premier à adopter une focale municipale, qu’il faut d’emblée justifier. Historiquement l’échelle d’analyse de l’histoire croisée des métropoles que propose le collectif IGP est « métropolitaine », ou si l’on préfère adopter une appellation plus historique « régionale ». En consacrant une séance de séminaire au cas d’étude de Châtenay-Malabry et à son urbanisation entre 1919 et 2020, on propose donc de décentrer le regard sur l’histoire du Grand Paris à deux niveaux : Regarder cette histoire par sa territorialisation d’une part et questionner l’héritage du Grand Paris du XXe siècle d’autre part.
Il s’agit d’observer tout d’abord la manière dont les projets d’aménagement emblématiques de l’histoire du Grand Paris se sont incarnés sur le terrain, au cours du XXe siècle, depuis le concours de 1919 jusqu’au SDAURP de 1965[1]. Pour le dire autrement, faire l’histoire du Grand Paris vu d’en bas. L’intérêt du cas d’études est ici évident. Châtenay-Malabry accueille, à partir des années 1930 l’une des cités jardins les plus célèbres du programme de l’OPHBM de la Seine. Plus tard, la commune est ciblée dans le PADOG de 1960 pour la réalisation d’équipements d’enseignement supérieur « décentralisés ». Et si elle reste à l’écart des grands projets du SDAURP de 1965 (RER et « centres urbains restructurateurs » de la banlieue parisienne), elle accueille l’Ecole centrale de Paris en 1969 puis la Faculté de Pharmacie en 1972.
Cette fonction de mise à l’épreuve par le terrain local de l’histoire du Grand Paris est certes intéressante mais elle n’est pas suffisante pour justifier l’arrêt sur image que nous proposons ici. A travers le titre un peu convenu d’échelles et temporalités, nous avons voulu tenter d’aller plus loin, en considérant le cas, non plus seulement du point de vue de l’histoire du XXe siècle mais aussi du point de vue de l’histoire immédiate. A Châtenay-Malabry comme ailleurs mais aussi sans doute plus qu’ailleurs en banlieue, le Grand Paris se refait sur lui-même devant nos yeux. Ce renouvellement urbain est certes moins spectaculaire que les opérations phares des dernières décennies (Paris Rive gauche, Plaine de France). Il se déroule à l’échelle de ZAC plus modestes comme l’écoquartier LaVallée à l’emplacement de l’Ecole Centrale, l’éco-business parc sur le site du campus de la faculté de Pharmacie ou la rénovation de cité-jardin de la Butte Rouge où sont envisagées des démolitions à hauteur de 80% du bâti existant. Mais ces projets dilués dans l’espace urbain sont contemporains et vont contribuer au changement social, urbain, architectural et paysager de la commune. Un certain héritage du Grand Paris du XXe siècle est ici mis à l’épreuve. Il n’est pas inintéressant de le questionner à chaud, en croisant les regards et les méthodes de l’architecte, du paysagiste et de l’historien.
Les deux temps du séminaire que nous proposons « Héritages et Innovations » d’une part et « Echelles et Paysages » d’autre part, reflètent cette volonté d’une double grille de lecture, qui est poreuse comme on le verra.
Présentation d’un cas d’études significatif de la planification du Grand-Paris
Chatenay-Malabry au tournant entre le XIXème et le XXème siècle
Tout d’abord, commençons par l’état de la commune de Chatenay-Malabry au tournant entre le XIXème et le XXème siècle, avant l’urbanisation importante de la banlieue parisienne.
Deux sources sont utiles pour cela: la carte topographique de Paris et ses environs de 1906 accessible sur géoportail [ Voir Fig. 1 ] et le volume Châtenay de l’Etat des communes du département de la Seine à la fin du XIXe siècle, publié en 1900 et consultable sur Gallica.
Situé à 12 kms de Paris, Châtenay est localisé en contrebas d’un coteau boisé de la vallée de la Bièvre, avec la forêt de Verrières à proximité sur le plateau. Ce village compte alors 1613 habitants. La commune est perçue comme champêtre et de fait la surface agricole occupe 579 ha sur les 600 que compte la superficie totale de la commune
« Parmi les localités de la banlieue Sud de Paris, en si grand nombre coquettes et bien situées, Châtenay peut, sans modestie, revendiquer un des premiers rangs. Son nom signifie : lieu où croissent les châtaigniers ; c’est une origine éminemment rustique, non démentie à travers les siècles, car ce joli bourg continue à garder l’aspect champêtre qui lui valut sa dénomination, et à prospérer par l’industrie des horticulteurs et des pépiniéristes »[2]
Cette image de commune calme et résidentielle traverse paradoxalement le XXe siècle jusqu’à la chanson éponyme de Vincent Delerm, publiée en 2002 sur son premier album et pour qui Châtenay-Malabry incarne l’ennui résidentiel bourgeois. On aura l’occasion à plusieurs reprises dans ce séminaire d’interroger la nature et la fabrication de cette « représentation » résidentielle. On remarquera notamment un écart important entre cette représentation et la réalité sociale, urbaine et plus largement géographique de ce territoire, car il s’agit d’une commune clé du département de la Seine puis des Hauts de Seine depuis 1968.
Même si on peut considérer que ce type de village fait partie depuis au moins le XVIIe siècle de l’économie du Grand Paris (la voie royale entre Versailles et Choisy le Roi la traverse, l’activité sylvicole et maraîchère se justifie à l’échelle de la région parisienne et des résidences aristocratiques), c’est à la Belle Epoque qu’elle entre fondamentalement dans la problématique du Grand Paris par le biais de l’amélioration des liaisons avec la capitale. Dès 1893 en effet, Châtenay fait partie du système de la ligne de Sceaux dont on sait la fonction structurante pour la région parisienne dans la première moitié du XXe siècle et même au-delà. Les conséquences sont immédiates. La population double entre 1872 et 1900 et franchit le seuil symbolique des 2 000 habitants en 1911. A la veille de la construction de la cité-jardin de la Butte Rouge elle atteint 3 600 habitants. Elle a entre-temps changé de nom, en intégrant à sa titulature en 1920 le plateau de Malabry, qui fait la limite avec la commune voisine de Robinson
Le rédacteur de l’Etat des communes de la Seine en 1900 a parfaitement compris les évolutions en cours mais n’en tire pas les conclusions urbanistiques. Ni le processus de lotissements de la banlieue[3] ni l’insertion de la commune dans les réflexions en gestation sur l’extension de Paris ne sont mentionnés ou simplement imaginés dans ce tableau communal de Châtenay. Le XXe siècle va profondément bouleverser l’organisation de la commune, sa morphologie et son insertion dans le Grand Paris [ Voir Fig. 2 ] .
Châtenay-Malabry au XXème siècle et la planification régionale
Chatenay-Malabry est marquée au XXème siècle par plusieurs opérations urbaines caractéristiques de la première couronne parisienne [ Voir Fig. 3 ] . Elles s’inscrivent dans le processus d’urbanisation de la banlieue orienté par des plans d’urbanisme régionaux[4].
Au début du XXème siècle, plusieurs lotissements sont réalisés dans les communes de Châtenay et de Malabry, comme ceux de Fallot et de Sablon. En banlieue parisienne, ce type d’urbanisation pouvait être anarchique et mal équipé, ce qui a favorisé l’émergence de la planification communale avec la loi Cornudet du 14 mars 1919.
En complément de la loi Cornudet, au sein du département de la Seine, la Direction de l’extension de Paris lance un concours en 1919 dont la section I porte sur un plan régional[5]. Le projet « Urbs » de Jaussely, Expert et Sollier est lauréat. Il est structuré par un système de parcs, inspiré des conceptions de Jean-Claude Nicolas Forestier, lequel détaillera en 1922 un plan des espaces libres pour le département de la Seine. A ce propos, le Sud parisien est bien fourni avec les espaces non-bâtis de la vallée de la Bièvre, le parc de Sceaux, les boisements de coteaux comme le bois de Verrière, la voie royale entre Versailles et Choisy-le-Roi, etc. Le projet « Urbs » prévoit des cités-jardins au sein de cette structure d’espaces libres, transférant en France le modèle d’urbanisme britannique de Ebenezer Howard et Raymond Unwin. C’est d’ailleurs le projet « Dans les jardins : la cité-jardin du Grand Paris » qui obtient, lors du concours de 1919, le premier prix de la section IV portant sur des opérations partielles à Paris ou dans son agglomération. Sa conception est l’œuvre des architectes Paul de Rutté, Paul Sirvin, Maurice Payret-Dortail et Joseph Bassompierre. Le projet prend place sur des terrains appartenant en partie à l’Office Public d’Habitations à Bon Marché (OPHBM) présidé par Henri Sellier, lequel fait l’éloge de cette proposition de cité-jardin. Dans les années 1920, les architectes lauréats seront appelés pour intervenir sur le foncier de l’OPHBM situé au Plessis-Robinson et à Malabry. A leur côté, le paysagiste André Riousse apportera sa contribution sur le projet de la Butte-rouge à Châtenay-Malabry dont les travaux commencent en 1931[6]. D’autres cités-jardins sont planifiées dans le Grand-Paris à la même époque, comme celles des Lilas, de Suresnes, Gennevilliers, Stains, etc.
Le plan Prost élaboré dans les années 1930 et approuvé en 1939 reprendra ces réflexions sur les cités-jardins et le système de parc régional.
Le PADOG de 1960 actualise le plan Prost révisé de 1956, et il est marqué par un autre modèle urbain du logement en banlieue, basé sur la charte d’Athènes et porté par le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme: les Grands-ensembles[7]. Châtenay-Malabry ne fait pas l’objet d’opérations de grande envergure à la différence de Sarcelles, La Courneuve ou de l’ensemble intercommunal Les Blagis en banlieue Sud. Toutefois, la construction de la Butte-Rouge entre 1949 et 1965 est marquée par cette conception urbaine, et une typologie hybride de petits immeubles collectifs aux volumes épurés se développe dans les années 1950. Ces typologies intermédiaires caractérisent certains ensembles urbains conçus dans les années 1940-50 en région parisienne, comme la cité de la Plaine à Clamart dessinée par Robert Auzelle. Dans toutes ces opérations, une attention particulière est portée aux espaces non-bâtis.
Le PADOG prévoit également d’organiser la banlieue avec des équipements qui figureront ensuite dans le SDAURP de 1965. C’est à ce moment qu’est décidée l’implantation à Châtenay-Malabry de campus universitaires. L’Ecole centrale terminée en 1969 est conçue par une équipe d’architectes parmi lesquels se trouve Jean Fayeton, lui-même centralien. La faculté de Pharmacie de l’architecte Jean-Claude Dondel est terminée en 1974. Ces bâtiments témoignent de l’architecture universitaire des Trente glorieuses[8].
Le SDAURP de 1965 puis le SDAURIF de 1976 planifient l’urbanisation de la grande couronne parisienne avec les villes nouvelles. Au sein de ces villes nouvelles, des formes urbaines alternatives aux grands ensembles sont proposées. En écho à ces réflexions urbanistiques, les interventions sur les territoires de la première couronne dès la fin des années 1970 suivent un modèle urbain du « retour à la ville » en réaction aux grands-ensembles, avec un intérêt pour les alignements sur rue, les typologies de places, squares, etc… A Châtenay-Malabry, cela s’observe avec la ZAC des Friches et des Houssières.
Châtenay-Malabry au tournant entre le XXème et le XXIème siècle
Dans les années 1980-1990, le processus de renouvellement urbain de la première couronne s’amplifie, et concerne entre autres les cités-jardins et grands-ensembles vieillissants, pouvant également être le lieu de problématiques sociales. La cité-jardin de la Butte-Rouge est l’objet d’une première réhabilitation entre 1984 et 1994 et celle de Clamart entre 1995 et 2003. Des démolitions/reconstructions importantes sont faites au Plessis-Robinson dès les années 1990. Certains grands-ensembles sont également démolis dans le sillage de la cité des 4000 à La Courneuve. Un processus de renouvellement urbain s’enclenche, appuyé par le SDRIF de 1994. Il concerne également certaines zones industrielles.
Ce processus de renouvellement urbain caractérise les évolutions de la première couronne du Grand-Paris au début du XXIème siècle. Il est appuyé par la loi SRU de 2000, prônant la mixité sociale, et il se retrouve dans le SDRIF de 2013 associé aux thématiques de la densification, du développement durable et de la transition écologique. La création de l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine) en 2004 est un marqueur de cette dynamique, qui ne se résume pas à elle seule. En effet, l’ANRU accompagne des transformations de quartiers comme à la Courneuve, mais des projets sont également menés en dehors de cette agence, à l’exemple des démolitions/reconstructions du quartier des Blagis à Fontenay-aux-Roses.
Depuis une dizaine d’années, ces processus de renouvellement urbain s’observent à Châtenay-Malabry. Des démolitions et quelques préservations sont envisagées pour la cité-jardin de la Butte-Rouge, avec un cofinancement de l’ANRU. Par ailleurs, les équipements des Trente Glorieuses sont l’objet de destructions. L’école Centrale a été démolie dans sa quasi-totalité pour la mise en œuvre d’un éco-quartier conçu par les agences François Leclerc (architectes-urbanistes) et Base (paysagistes), et un Business Parc des agences SEURA (architectes-urbanistes) et Camille Jullien (paysagistes) est prévu sur le site de la faculté de pharmacie.
Une part de l’histoire urbaine du XXe siècle dans le Grand-Paris est ainsi mise à l’épreuve par les processus d’urbanisation contemporains, et Châtenay-Malabry est une des communes qui en témoigne le plus.
Croisement des regards sur les renouvellements urbains contemporains
Une connaissance historique et des usages opérationnels
Châtenay-Malabry peut ainsi être vue comme une butte témoin d’un Grand-Paris qui se refait sur lui-même. Aujourd’hui, nous proposons d’étudier cette commune sans se limiter à une recherche historique académique. En effet, l’étude des processus à l’œuvre sur les héritages urbains du XXème siècle nous amène à réfléchir aux modalités d’actions contemporaines. Certains de nos questionnements portent sur la place des connaissances historiques dans le cadre de l’urbanisme opérationnel actuel.
Quelques constats nous amènent à ce positionnement. L’association Docomomo de défense du patrimoine du XXe siècle, active pour la protection de la Butte-Rouge, se compose entre autres de chercheurs. Par ailleurs, l’inventaire du patrimoine d’Ile-de-France – dont la création remonte à 1964 – a pour mission de recencer, étudier et faire connaitre les éléments du patrimoine. Cela peut contribuer à la préservation du patrimoine architectural et urbain du XXème siècle. Enfin, les démarches d’Atlas de paysage développées suite à la loi paysage de 1993 – et soutenues par les CAUE, l’APUR, l’Institut Paris Région,… – décrivent le patrimoine territorial. Les cités-jardins et les grands-ensembles en font partie. L’objectif est d’orienter vers une préservation patrimoniale souple, au nom de la « qualité paysagère » et du « bien commun ». Ces exemples posent l’enjeu des connaissances historiques et du diagnostic à visée opérationnelle.
Etant intéressé par l’articulation entre les savoirs et l’action, notre séminaire aborde l’histoire urbaine dans une perspective interdisciplinaire. Il fait intervenir les approches des historiens, des architectes, des urbanistes et des paysagistes, avec différentes méthodologies et corpus : travail de terrain, utilisation et production de représentations graphiques, entretiens avec des acteurs, consultation d’archives, etc.
Une lecture de la conception et des formes architecturales, urbaines et paysagères
Les interventions de ce séminaire vont s’intéresser aux conceptions et formes architecturales, urbaines et paysagères des opérations des années 1920 à 1970 en les articulant avec celles des projets contemporains de renouvellement urbain. Nous aborderons ainsi le temps long de ces opérations dans le cas de Châtenay-Malabry, avec un élargissement sur quelques opérations des Hauts-de-Seine.
Une lecture politique sous le prisme de la banlieue bleue
Par ailleurs, depuis la thèse de Tanguy Pennec, Géopolitique d’une « banlieue bleue » : les Hauts-de-Seine dans le Grand Paris : un essai d’analyse géopolitique locale, soutenue en 2017 à Paris 8 et qui avait fait l’objet d’une présentation au sein du collectif IGP, on sait également l’intérêt d’étudier les pratiques d’aménagement des grands élus des Hauts de Seine : Philippe Pémezec maire du Plessis Robinson de 1989 à 2018, Georges Gorse ou Jean-Pierre Fourcade à Boulogne-Billancourt, Christian Dupuy, maire de Suresnes de 1983 à 2020 ont rompu avec les conceptions architecturales, urbaines et sociales qui caractérisaient leurs communes depuis l’Entre-deux-Guerres. Le poids historique de la SFIO ou du PC sur ces communes a été assez largement étudié. Sans même parler des travaux de Jacques Girault ou Emmanuel Bellanger sur la banlieue rouge, on peut rappeler la thèse de Juliette Aubrun sur les communes de la banlieue Sud (Vanves, Bagneux, Montrouge, Malakoff) avant 1914[9] et plus encore celle de Pascal Guillot sur André Morizet et Boulogne-Billancourt[10]. La gauche socialiste ou communiste gouverne plusieurs communes des Hauts de Seine sur une grande partie du XXe siècle : Châtenay-Malabry est un fief socialiste de 1907 à 1995, Le Plessis-Robinson est socialiste puis communiste de 1953 à 1989. A Sceaux, la bascule gauche-droite se fait plus tôt en 1959, à Fontenay-aux-Roses en 1977. Clamart, à gauche pendant toute l’Entre-deux-guerres est marquée par une alternance PS-droite régulière depuis 1947. Quoiqu’il en soit la droite républicaine est dominante partout depuis les années 1990-2000 et a pris à bras le corps la question du renouvellement urbain, soutenue en ce sens par les présidents du département des Hauts de Seine, gestionnaire de nombreux Offices publics HLM : Charles Pasqua (1988-2004), Nicolas Sarkozy (2004-2007), Patrick Devedjian (2007-2020) tous issus de la matrice RPR-UMP-LR.
On ne dispose pas suffisamment de biographies urbaines de ces grands élus de droite, mais le livre de mémoires publié par Philippe Pémezec chez Eyrolles en 2007 sous le titre Bonheur de ville. Un maire au chevet de sa banlieue est éclairant et explicite. Il existe bien une politique assumée du renouvellement urbain en profondeur par cette génération d’élus des Hauts-de-Seine, que le séminaire proposera d’éclairer à propos d’un cas, Châtenay-Malabry, qui fait aujourd’hui figure de laboratoire en matière de production urbaine, comme Le Plessis Robinson l’a été durant les années 1990-2000. Ce n’est nullement un hasard si Georges Siffredi, qui a pris ce bastion socialiste en 1995 et a gouverné la ville jusqu’en 2020 a succédé à Patrick Devedjian à la tête du conseil départemental des Hauts de Seine en mai 2020.
Questionnements pluriels
Les questions qu’on se propose d’aborder sont à ce titre plurielles : Comment le renouvellement urbain actuel se positionne-t-il par rapport à l’héritage architectural, paysager et social du XXe siècle ? Comment se saisit-on dans ce type de communes des mots-valises de notre temps : mixité sociale, développement durable, résilience, patrimoine, éco-quartier ? Comment une commune comme Châtenay-Malabry participe-t-elle des injonctions métropolitaines voire nationales sur la densification urbaine, la smart city, les green-cities, etc. ? Quelles sont les conséquences de la manière de produire la ville pour les habitants et les paysages ? Comment les historiens que nous sommes peuvent-ils appréhender les jeux d’acteurs (promoteurs, bâtisseurs comme Eiffage, architectes, paysagistes, élus locaux,…) ? Quelle place peut avoir la recherche historique dans les processus opérationnels? Que nous apprend-elle au final, non seulement sur le Grand Paris en train de se faire mais aussi sur le rapport de ce Grand Paris du XXIe siècle au Grand Paris du XXe ?
Les interventions du séminaire
Ces questionnements apparaitront dans les quatre interventions.
Il nous semble important de préciser qu’elles s’appuieront sur des travaux de recherche récents. Elles mobiliseront également des enseignements menés depuis 2019 et 2020, à savoir: l’atelier du master « Diagnostic historique et aménagement urbain » à l’université Gustave Eiffel, et les travaux dirigés « Espaces ouverts urbains – Lectures critiques de projets » de la formation des paysagistes à l’ENSP de Versailles-Marseille.
Les communications sont organisées en deux sessions.
La première intitulée « héritages et innovations » vise à clarifier des usages politiques de l’histoire urbaine dans les processus d’actions actuels. Elle regroupe l’intervention « Renouvellement urbain et instrumentalisation des héritages locaux » de Laura Fromentin, ingénieure d’études au laboratoire ACP, et celle « Le Grand Paris a t-il besoin de démonstrateurs urbains ? » de Loïc Vadelorge, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Gustave Eiffel et membre du laboratoire ACP.
La deuxième cession intitulée « Echelles et Paysages » propose d’aborder les enjeux patrimoniaux du renouvellement urbain à travers la thématique du paysage, associés à des lectures paysagères transcalaires. Elle regroupe l’intervention « La Cité-jardin de la Butte Rouge : face aux paradoxes et limites d’une reconnaissance patrimoniale et sociale avérée, le paysage peut-il représenter un levier d’actualité ? » de Bernadette Blanchon, architecte DPLG, maîtresse de conférences en sciences humaines et sociales à l’ENSP Versailles-Marseille et membre du LAREP, et l’intervention » Des motifs paysagers pour interpréter le renouvellement urbain » d’Alexandre Callens, Architecte DE-HMONP, docteur en urbanisme et aménagement de l’espace, et membre associé au laboratoire IPRAUS de ENSA Paris-Belleville.