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© Inventer le Grand Paris
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Introduction

by Nathalie Roseau et Frédéric Pousin

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https://www.inventerlegrandparis.fr/link/?id=606

DOI

10.25580/IGP.2018.0013

Le chantier Inventer le Grand Paris et les plans

Pour commencer, un constat : Pour donner une visibilité aux démarches d’aménagement du Grand Paris, notre collectif Inventer le Grand Paris avait choisi de mettre en avant, dans les quatre colloques qu’il avait organisés, les plans comme documents phares de l’urbanisme (le rapport de la commission d’extension, le PARP de 1934, le SDAURP de 1965 et le SDAURIF de 1976). Certes, il s’agissait de jouer avec des opportunités calendaires, souscrivant ainsi à une propension à célébrer les dates anniversaires. Mais nous ne croyons pas anodin d’avoir mis en exergue ces rapports, plans et schémas pour servir notre intention de donner toute sa place à l’histoire de l’aménagement du Grand Paris. Une histoire que les décideurs et les opérateurs actuels ont une fâcheuse tendance à occulter. Ces documents ont fonctionné comme un levier pour organiser un chantier de réflexion dédié à l’histoire de l’aménagement du Grand Paris qui interroge, entre autres, leur statut et leur visibilité.

La visibilité des grands plans métropolitains est indéniable lorsqu’ils sont produits dans le cadre d’un concours international, comme celui du grand Berlin de 1910[1]ou celui de 1919 pour l’extension de Paris et l’aménagement de la région parisienne[2]. Des noms marquants de l’histoire de l’urbanisme y sont associés Herman Jansen, Léon Jaussely, Roger-Henri Expert, …Ils circulent et les visions urbaines qu’ils véhiculent donnent lieu à débat. En quoi ces visions urbaines sont-elles redevables d’un régime de représentation particulier ? Avec les schémas directeurs la représentation abstraite et persuasive incarne le volontarisme de l’Etat aménageur. Elle sert une politique de communication tant à l’intérieur de l’appareil d’état qu’au sein de la société civile. Le SDAURP par exemple a fait l’objet d’une promotion importante. Sa présentation en juin 1965 a été largement relayée par la presse écrite et audiovisuelle, une version livre de poche du document a été diffusée en kiosque. Une analyse du plan dans sa dimension visuelle a été abordée par plusieurs communications lors de nos colloques [3], mais elle reste à approfondir et pourrait faire l’objet d’une investigation spécifique.

Une intention structurante du chantier collectif Inventer le Grand Paris a été d’adopter le principe de construire des perspectives croisées. Il s’agissait d’interroger la construction du Grand Paris comme concept métropolitain comparé à d’autres métropoles. Nous avons été alors amenés à privilégier moins les documents, les objets que les moments de l’aménagement, notamment pour étudier les phénomènes de synchronisation ou au contraire de désynchronisation. Un glissement de l’objet d’étude s’est opéré : du plan au « moment ». Les plans sont saisis alors comme des marqueurs indiquant un tournant dans les manières de penser l’urbanisme et de le mettre en œuvre. De l’urbanisme de plan à la planification régionale, D’un urbanisme planifié à un urbanisme de projet. Ces tournants concernent à la fois l’évolution des théories, des pratiques, des figures et en même temps une remise en question du plan lui-même.

Cet atelier sur l’épaisseur des plans est l’occasion de revenir sur ces documents de l’urbanisme qui ont acquis une grande notoriété pour certains, qui sont restés dans l’obscurité pour d’autres. C’est l’occasion de développer un ensemble de questionnements qui accompagnera un chantier de notre programme scientifique : l’atlas des plans.

Commençons par évoquer plusieurs évènements qui ces derniers temps ont contribué à remettre sur le devant de la scène ces objets que sont les grands plans.

 

Les expositions, un dispositif pour rendre compte des plans dans leur épaisseur

Deux expositions ont été récemment consacrées aux plans d’urbanisme.

Tout d’abord L’exposition Stadtvisionen 1910/2010[4], organisée par la Technische Universität et l’Architektur Museum de Berlin. Pour exposer l’urbanisme (städtbau) et commémorer un temps fort, le concours de 1910 pour le grand Berlin, les maitres d’œuvre de cette exposition ont rassemblé plusieurs plans emblématiques Outre ceux pour le GroB Berlin (Grand Berlin) de Hermann Jansen , lauréat du concours, de Jaussely et Albert Gessner; sont présentés les plans d’Hénard pour Paris 1909, 1910, Le rapport Bonnier Poëte, le plan Jaussely, Expert, Sollier de 1919, An Imaginary Plan of London de 1907 de Paul Waterhouse, le plan Burnham, Bennett pour Chicago de 1909

L’exposition donne à voir les grands plans qui synthétisent les projets d’aménagement, mais aussi les perspectives aériennes qui les accompagnent, incarnant le caractère visionnaire de ces projets métropolitains. Les vues à vol d’oiseau de Chicago, particulièrement picturales, inscrivent la ville dans son paysage. Sont présentées également les plans, à des échelles différentes, et les vues des divers projets de ces territoires métropolitains. L’exposition rend ainsi perceptible une épaisseur du plan qui se traduit dans la multiplicité des modalités de représentation des documents eux-mêmes et de ceux qui leurs sont associées.

Elle rend compte aussi d’une certaine forme d’inter iconicité – au sens où l’on parle d’intertextualité – entre ces documents. En effet, les formes urbaines (places, boulevards à redents, etc..) les modèles de parcs, de cités jardins, de parkways, de systèmes de transport sont repris et débattus à travers les images qui en sont produites, comme le révèlent les rapports qui accompagnent ces plans et les publications auxquelles ils donnent lieu. Mais cette inter iconicité est aussi construite par les critiques et les historiens de l’architecture, notamment dans le catalogue de l’exposition Stadtvisionen. Ainsi plusieurs entrées thématiques telles que la monumentalisation des centre villes, les nouvelles banlieues jardins, la mobilité dans la région urbaine, permettent de comparer les projets. Elles font prendre conscience des caractéristiques et de l’historicité des modes de représentation, qui participent d’un imaginaire visuel.

Le parallèle entre le moment 1910 et le moment 2010 qui verrait apparaitre une renaissance du design urbain, fait prendre conscience, quant à lui, de la fragmentation des territoires métropolitains qui se reflète à travers l’échelle dominante des masterplans. L’échelle métropolitaine semblerait se représenter sous d’autre formes que celle des grands plans ou des schémas synthétiques. D’autre formes de représentation s’inventent dans ce moment de l’histoire de l’urbanisme qui recourent aux images de synthèse, aux incrustations, mais aussi aux schémas, et esquisses. Pour cette séquence temporelle comme pour celle du début du siècle, les formes visuelles du plan métropolitain constituent un objet de médiation permettant de saisir les échanges et circulations d’un univers culturel à l’autre.

Plus récemment et plus proche de nous, une exposition s’est tenue l’année dernière, en 2017, au Musée d’Histoire Urbaine et Sociale de Suresnes, sur les origines du Grand Paris[5]. L’exposition ne portait pas sur les plans à proprement parler mais sur l’aménagement du Grand Paris dans son ensemble. Toutefois, parce que la médiation visuelle permet d’exposer et de représenter (mais peut biaiser dans la mesure où elle marginalise le texte), cet événement a donné à voir de nombreux plans et cartes, de même que des documents photographiques et filmiques permettant de saisir les différentes politiques d’ampleur engagées dans la région parisienne au dernier siècle (depuis les réseaux jusqu’aux grands programmes de logements).

La multiplicité des documents présentés, depuis le plan illustré jusqu’aux cartes repérant des sujets ou artefacts donnés (comme les fortifications, les cultures maraîchères, les parcs et promenades), donnait à voir les points de vue différents des plans et des périodes. On note également les changements de cadrage qui ne tiennent pas seulement à la problématique de l’agrandissement, mais aussi à l’identification de secteurs spécifiques que va développer le plan. Les concours pour les plans d’ensemble comportent souvent des sections consacrées aux plans partiels, comme le plan d’une Cité jardin du Grand Paris, lié au concours de 1919, qui devait accueillir 100 000 habitants et s’établir au sud de Paris entre Sceaux et Vélizy.

Présenté lors de l’exposition du Musée de Suresnes, le plan Jaussely qui a remporté le concours de 1919, apparaissait dans cette fresque généalogique, offrant un contraste saisissant dans ce cheminement puisqu’il donnait à voir pour la première fois, l’échelle de la région toute entière. Le voir en grandeur réelle était important dans la mesure où nous avons plus souvent vu ces plans en format réduit dans les livres (le plan Prost à l’échelle 1/100 000ème était également présenté). Cela permet de voir le détail et le tout, de voir comment l’existant et le projeté sont associés sur une même carte, confondus parfois au travers des mêmes légendes et codes de représentation, donnant une sensation de réalité et d’abstraction en même temps.

On note enfin la nature changeante des représentations graphiques, certaines devenant plus abstraites (comme en 1976). Ou la récurrence du centrage sur Paris. Des décadrages périphériques ont-ils été réalisés comme on a pu le voir dans le cadre de la consultation du Grand Paris, qui tentait de rompre avec la centralité métropolitaine par la représentation ?

 

La pluridisciplinarité du plan

 

Le plan comme objet et comme corpus

Dans ces expositions, le plan, au-delà du marqueur ou de l’icône, traduit une « géographie », autour des événements qui l’ont motivé, des acteurs qui l’ont élaboré, des institutions qui l’ont porté, des politiques publiques qui ont été engagées, qu’il est important de décrire afin de mieux saisir les réseaux de relations qu’il noue. Le fait que nous n’ayons pas eu, au travers de notre cycle de colloques, un nombre conséquent de communications centrées sur les plans, alors qu’ils en étaient l’objet même, n’est d’ailleurs pas à prendre comme un signe de désintérêt. Bien au contraire, cela montre que toute une série de questions gravitent autour ou au centre du plan pour en rendre compte et leur redonner de l’épaisseur. Elles nous invitent à considérer le plan comme un objet polysémique d’une part, aux contours fluctuants, aux fonctions multiples ; comme un vecteur pluridisciplinaire d’autre part, permettant de comprendre les différentes logiques de pensée et d’action qui s’y rencontrent. De là découle le titre de notre atelier « Les plans dans leur épaisseur », avec un panel de communications sur lequel nous allons revenir.

Plusieurs questions permettent d’embrasser cette polysémie et cette pluridisciplinarité du plan.

 

Le plan comme moment de cristallisation : acteurs, intentions et politiques

Une première question porte sur l’existence du plan comme moment. Dans quelles conditions apparaît la nécessité du plan ? Quelles questions, quelles collaborations suscitent son élaboration et sa mise en œuvre ? Quelles articulations noue-t-il avec les politiques publiques ?

Le glissement du plan vers le moment que nous avons évoqué montre bien l’importance qu’il y a à étudier le plan comme un lieu de mobilisation des acteurs, qui permet de comprendre comment ces derniers s’emparent du plan comme moyen d’expression de leurs intentions en matière d’aménagement de l’espace. Ainsi, l’acte fondateur de la décision d’élaboration d’un plan régional se manifeste-t-il par le rôle de l’Etat ou d’un acteur de rang régional, et l’énonciation de lignes directrices que les édiles (Etat, municipalités, comités ad hoc), vont adresser aux « hommes de l’art » chargés de la conception du plan. Même si le plan n’a parfois pas d’effet immédiat juridique (le plan Prost sera approuvé sans être appliqué, le Sdaurp ne sera pas approuvé), le lien étroit entre les décisions politiques et juridiques, et la fabrication des plans, produit des échanges nourris entre différents pouvoirs (locaux et central), entre différents corps professionnels, entre édiles et habitants, qui dessinent le plan comme un lieu de mobilisation. En cela, le plan dans sa genèse et sa fabrication, se donne à voir comme la scène d’enjeux de pouvoirs qui agissent sur l’aménagement de la région, au-delà du document lui-même et même si celui-ci ne paraît pas produire d’effet en tant que tel.

A contrario, on peut aussi observer que le plan n’active pas toujours cette convergence et que, au contraire, politiques publiques d’aménagement et démarches de planification régionale ne fertilisent pas complètement. Emmanuel Bellanger reviendra en particulier sur la période 1880-1930 de genèse de l’aménagement régional, très prolifique en termes d’actions publiques à l’initiative de puissantes intercommunalités, alors même que les plans sont encore discrets du point de vue de leur application.

 

La matérialité du plan

Une deuxième question renvoie à la matérialité du plan comme document. Instrument prospectif, programmatique ou opérationnel ; visuel ou textuel ; rapport, carte, mémoire ; lieu d’analyse interdisciplinaire (type survey) et de synthèse d’actions : le plan apparaît comme objet synthétique dans la diversité de sa forme et la complexité de ses finalités. Comment saisir la nature du plan ? Et en quoi informe-t-elle des conditions d’aménagement métropolitain ? Comment circule-t-il et que permet-il de communiquer ?

Les divers plans qui ont jalonné l’histoire de la région parisienne, n’ont pas les mêmes formes ni les mêmes compositions. La perspective transnationale montre par ailleurs que, si des concomitances peuvent s’établir entre plusieurs métropoles, les formes des plans qu’elles élaborent sont différentes. Ainsi lorsque Paris élabore le Premier plan d’aménagement régional à partir de 1932, s’est achevée la réalisation du plan régional de New York et de ses environs qui a donné lieu, au terme de 8 ans de travail, à la publication d’une dizaine de volumes denses essentiellement textuels accompagnés de cartes, schémas, diagrammes, mais pour lesquels aucune carte générale de synthèse ne sera présentée[6].

De même, qu’en est-il de la médiatisation des plans ? Qu’en est-il de leur communication auprès du public ? Quels sont les documents qui circulent ? Quelle sélection font les acteurs ? Et qu’en retiennent les publics qui reçoivent les plans ?

La question des représentations graphiques nécessite de faire l’objet d’une analyse à part entière, du fait de leur portée visuelle, de leur rôle de référence (silencieuse et parlante à la fois) qui peut donner lieu à maintes interprétations.

 

Les temporalités du plan

Une troisième question porte enfin sur les temporalités du plan. Quel est son devenir, une fois approuvé ? Son efficacité doit-elle se mesurer à l’intensité de son élaboration, au succès de sa réception, ou à l’impact de sa mise en œuvre ? Quelle est la persistance du plan au regard des séquences longues de l’aménagement ? Comment la notion même de plan est-elle amenée à se transformer suivant les moments de l’aménagement métropolitain ? Comment apprécier les effets de synchronisation et de désynchronisation entre le plan et le construit, ou d’anticipation et de rattrapage par rapport au réel ?

Cette question de l’efficace des plans peut se mesurer de plusieurs façons. En cherchant à comprendre les corrélations ou les décalages entre les politiques de planification et les actions publiques, comme l’exposé de Arnaud Passalacqua sur l’impossible planification de Rome sur les transports, en rendra compte. Ou en analysant par exemple la succession des plans et de leurs effets (c’est l’objet d’un travail actuel que des étudiants du master Diagnostic historique et aménagement urbain de l’UPEM ont engagé dans le cadre de Stages IGP, pour l’analyse de la séquence du PARP (1934-1939) au PADOG (1960) qui s’inscrit dans le cadre d’un projet d’atlas des plans sur lequel nous allons maintenant revenir.

 

Le projet d’un atlas des plans du Grand Paris

Avec les angles de recherche que nous ouvrons pour comprendre les plans dans leur épaisseur, nous recherchons aussi les dispositifs permettant de restituer cette polysémie et cette pluridisciplinarité des plans. Collection plus que synthèse, l’atlas historique, bien qu’il  reste une forme éditoriale parmi d’autres pourrait s’avérer l’un des genres les plus adaptés à la coexistence et la rencontre des divers cadres d’analyse disciplinaires qui permettent de saisir le plan métropolitain comme l’objet qu’il décrit et projette. Ce projet est en cours de gestation au sein du programme Inventer le Grand Paris, appuyé sur celui d’une exposition virtuelle qui trouverait au travers du site web, un media d’expression privilégié. Nous voudrions pour conclure en dessiner quelques perspectives possibles.

Dans leur Atlas des plans de Paris[7], Antoine Picon et Jean-Paul Robert établissent une distinction entre la carte qui enregistre et interprète un état du territoire et le plan qui inscrit un projet de transformation de l’espace et dont le parangon pour Paris serait le Plan des artistes.

Ce distinguo entre plan et carte est relativisé par Stéphane Van Damme dans son étude minutieuse des atlas historiques de ville[8] qui souligne, à la suite de Jean-Marc Besse, que la carte véhiculerait un projet vis à vis du territoire qu’elle représente. Cette ligne de partage entre plan et carte est en réalité discutable, elle mérite attention et nous intéresse pour ce qu’elle permet de mieux caractériser ce que nous désignons sous l’appellation de plan. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles il nous a semblé important de revenir, grâce à Angelo Bertoni, sur le moment de la naissance de l’urbanisme de plan, moment ou s’impose l’idée d’un document stratégique en 2 dimensions qui inscrit sur l’état du territoire relevé les intentions d’aménagement projetées.

Ce n’est pas seulement la compréhension de l’atlas en tant qu’associations de cartes et de textes, mais aussi de cartes entre elles et d’images au sein d’un même volume qui est ici en jeu. C’est l’idée de l’atlas comme lieu d’assemblage   de matériaux, et au delà de pratiques, d’institutions hétérogènes. Georges Didi Huberman dans l’interprétation qu’il donne de l’atlas Mnemosyne d’Aby Warburg[9] insiste sur les opérations de cadrage, de montage et de collage qui structurent, chez Warburg, la forme Atlas.

Corinne Jaquand reviendra cet après midi sur la période 1928-1937 du Plan Prost, dont on sait qu’il a donné lieu à plusieurs versions à différentes échelles. Elle éclairera les composantes techniques du plan – études préalables et appareil cartographique ; elle esquissera les conditions de sa réception à travers diverses campagnes et sa présentation lors de deux expositions en 1935 et 1937, elle examinera enfin quelques lieux de projets spécifiques, réalisés ou non.

Il faudra organiser la succession des plans. Celle-ci pourra être présentée suivant la chronologie des lois qui en prescrivent la nécessité : Loi Cornudet de 1919 instituant les plan d’aménagement d’extension et d’embellissement (PAEE), la mise en place des plans d’aménagement régionaux (1935), loi d’urbanisme de 1943 qui rebaptise les plans, devenus simples « plans d’aménagement », les plans d’urbanisme directeurs (décret de 1958), les SDAU (schémas directeurs d’aménagement urbain) et les POS (plans d’occupation des sols) à partir des années 1960 etc…

Elle pourra aussi être ordonnée suivant des séquences plus limitées, afin de montrer le pouvoir d’influence d’un document qui perdure bien après sa production.

C’est ce que montre Rachel Linossier dans son article sur les plans du Grand Lyon[10] où elle souligne la continuité des orientations dans les documents de planification. Malgré les liens changeants entre les visions locales de l’aménagement et les politiques de l’Etat, elle montre que les plans à l’échelle de l’agglomération (plan d’urbanisme directeur (PUD) de 1960-62) procurent des orientations pour les plans à l’échelle régionale, le plan d’aménagement et d’organisation générale (PADOG) et le schéma directeur d’aménagement métropolitain (SDAM) qui introduisent néanmoins d’autres logiques, d’autres approches. Mais Il n’y a pas de plan qui propose l’inverse de ce qui a été formulé auparavant. Dans le SDAM, les deux échelles – celle de l’agglomération et celle de la région – ne seront pas tranchées.

 

Enfin, pour donner à comprendre la succession des plans, on peut aussi analyser les traces laissés par chacun d’entre eux dans les paysages métropolitains. Pour certaines dimensions du plan, comme les espaces ouverts, ou les espaces plantés, il faudra partir de l’exploration concrète des espaces effectivement produits ou induits.

Denis Delbaere introduira dans sa communication cette notion d’espace induit. Il évoquera également la difficulté que représente la rareté des archives disponibles pour retracer l’histoire du modelage du sol et des plantations. Cela le conduit à privilégier la saisie directe du paysage via le relevé et l’arpentage, renouvelant ainsi la méthodologie des études diachroniques. Cette dernière communication sera l’occasion d’ouvrir de nouvelles pistes méthodologiques qui pourront s’avérer utiles pour nos travaux à venir. Elle soulève aussi la difficile question d’intégrer ces éléments à la forme atlas que nous appelons de nos vœux.