La Seconde Guerre mondiale contribue à réactiver la planification urbaine (autour des problématiques de la reconstruction et de la modernisation) et accentue l’aspiration généralisée à une intervention plus forte des États. Le cas parisien ne bénéficie cependant pas totalement de cette conjoncture favorable à la planification régionale. De 1944 au début des années 1960, l’aménagement de l’agglomération semble en crise. L’État, absorbé par la politique d’aménagement du territoire au sortir de la guerre diffère l’attribution de moyens à la région parisienne au bénéfice de la province entre 1955 et 1966 (décentralisation industrielle, métropoles d’équilibre, communautés urbaines). En 1960, la publication du Plan d’organisation générale de la région parisienne (PADOG) témoigne d’une forme de schizophrénie des décideurs qui font le diagnostic des besoins d’aménagement régionaux tout en proclamant la nécessité de limiter la croissance de Paris.
C’est du renforcement de l’administration régionale (District de Paris en 1961, IAURP en 1960, AFTRP en 1962,…) qu’émerge la proposition d’une planification régionale à l’échelle de l’Île-de-France. Le plan Delouvrier (SDAURP) de 1965, non approuvé mais mis en application pour ce qui concerne les grandes infrastructures (RER, aéroports) et les villes nouvelles incarne à plusieurs titres une époque. Il est emblématique de la collusion entre aménageurs et productivisme économique et urbain. Planification et urbanisation deviennent des leviers économiques soutenus par un système public et para-public puissant. Pour se réaliser, il nécessite de renforcer les échanges anciens entre Paris et les métropoles mondiales. Voyages d’études et rapports sur les villes nouvelles se multiplient dans les années 1960, bien au-delà des modèles britanniques ou scandinaves. Les regards métropolitains se croisent au-delà du mur de Berlin. Enfin, levier d’un savoir-faire français, le SDAURP va très vite chercher à s’exporter (Amérique latine, Asie du Sud-Est, Proche-Orient). L’exemple parisien qui intéresse directement les grandes capitales européennes (Bruxelles, ..) est aussi étudié par la province, qui de Lyon à Bordeaux et de Rouen à Marseille produit des grands schémas d’aménagement des « aires métropolitaines ».
Actes du colloque des 1 et 2 décembre 2015 Auditorium du Petit Palais