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Vers un « plus Grand Paris » – Premières tentatives de territorialisation 1903-1913

par Gilles Montigny

ISO 690

Montigny Gilles, « Vers un ‘plus Grand Paris’ – Premières tentatives de territorialisation 1903-1913 », dans Inventer le Grand Paris. Relectures des travaux de la Commission d’extension de Paris. Rapport et concours 1911-1919. Actes du colloque des 5 et 6 décembre 2013, Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Paris, Bordeaux, éditions Biére, 2016, p. 99-119.

MLA

Montigny, Gilles. « Vers un ‘plus Grand Paris’ – Premières tentatives de territorialisation 1903-1913 », Inventer le Grand Paris. Relectures des travaux de la Commission d’extension de Paris. Rapport et concours 1911-1919. Actes du colloque des 5 et 6 décembre 2013, Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Paris. Biére, 2016, pp. 99-119.

APA

Montigny, G. (2016). Vers un ‘plus Grand Paris’ – Premières tentatives de territorialisation 1903-1913. Dans Inventer le Grand Paris. Relectures des travaux de la Commission d’extension de Paris. Rapport et concours 1911-1919. Actes du colloque des 5 et 6 décembre 2013, Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Paris (pp. 99-119). Bordeaux: Biére. doi : 10.25580/IGP.2013.0005

DOI : https://doi.org/10.25580/igp.2013.0005

LIEN ABSOLU : https://www.inventerlegrandparis.fr/link/?id=85


Français

La « territorialisation » d’une agglomération urbaine comme celle de Paris procède par recours à un nombre variable de critères objectifs, ayant pour but de lui assigner des limites. Le rapprochement entre le Rapport de la commission et les travaux de Paul Meuriot, publiés en 1909 « De la mesure des agglomérations urbaines », permet de considérer qu’il existait dès cette époque deux manières de concevoir la « territorialisation » de l’agglomération parisienne, apriori pour les premiers, faisant coïncider les limites de la banlieue avec celles du département de la Seine avec deux exceptions, Saint-Germain-en-Laye et Maisons-Laffitte, a posteriori pour le second pour qui l’agglomération urbaine se définit comme « l’ensemble des localités dont la croissance dépend de celle de la ville-centre » c’est-à-dire les communes qui connaissent une croissance démographique particulièrement rapide et constituent un « district urbain » ou une « région-ville ».

English

The ‘territorialisation’ of an urban agglomeration such as the Paris region advanced by resorting to a variable number of objective criteria whose goal is to define its limits. A comparison between the report of the Commission d’extension de Paris and Paul Meuriot’s works, published in 1909 under the title ‘On Measuring Urban Agglomerations’, enables us to consider that there were, at that time, two different ways of conceiving of the ‘territorialisation’ of the Paris agglomeration: an a priori approach, in Meuriot’s works, where the boundaries of the suburbs coincide with those of the Seine department aside from two exceptions, Saint-Germain-en-Laye and Maisons-Laffitte; and an a posteriori approach, in the Commission’s report, in which the urban agglomeration is defined as ‘all the localities [towns] whose growth depends on that of the city centre’, i.e. the towns undergoing particularly strong demographic growth, forming an ‘urban district’ or a ‘city region’.


En publiant, en 1913, son rapport, la Commission d’extension de Paris[1] a livré, en plus de nombreux rappels des extensions successives de la capitale depuis les origines, des constats essentiels se référant à l’état de l’agglomération parisienne au début du xxe siècle. Ceux-ci portent sur le mouvement de la population au cours du siècle précédent, la situation démographique présente, la nature et l’importance des activités industrielles, commerciales et agricoles, les caractéristiques du peuplement observables en banlieue, notamment à partir de cette forme envahissante d’occupation de l’espace que constituaient les lotissements, l’appartenance sociale des habitants (indications générales par grands secteurs géographiques données sous forme de tableaux)[2]. Il est également question dans ce Rapport de la discontinuité qui s’est instaurée entre l’urbanisation relativement ordonnée de Paris et celle anarchique et informe de sa banlieue, de l’absence d’organisation administrative conçue à l’échelle de l’agglomération, du besoin d’espaces libres (parcs, promenades, terrains de jeux). Ce document insiste sur la nécessité de doter Paris, ainsi qu’il en existait déjà pour d’autres grandes villes étrangères (Londres, Berlin, Vienne), d’un plan d’aménagement et d’extension. Allant en ce sens, il avance des propositions qui permettraient l’amélioration de la circulation à Paris et dans sa banlieue, et, après les avoir recensés, l’utilisation la meilleure possible des espaces encore libres dans la ville et dans sa périphérie[3].

Tous ces éléments dénotent une clairvoyante perception des problèmes de fond posés par la croissance de la banlieue parisienne, mais, curieusement, tant pour l’appréhension spatiale de ces problèmes que pour les propositions qu’il contient, ce Rapport s’en est tenu à faire correspondre les limites de l’agglomération parisienne avec celles du département de la Seine. Pour reprendre l’expression de ses auteurs[4], celui-ci constituerait le « cadre naturel »[5] du plan d’extension qu’il conviendrait d’adopter pour la capitale. Cette assimilation n’admettait, explicitement, comme exceptions à ce cadre, que deux communes de la Seine-et-Oise.

Sur le plan de l’approche spatiale, cette perception a pour conséquence de placer cet important document de réflexion et de proposition notablement en retrait par rapport à plusieurs autres études réalisées au cours de la décennie précédente, portant sur l’étendue réelle de la banlieue et le périmètre pouvant être assigné à l’agglomération qu’elle forme avec Paris.

Il s’agit de celle réalisée par le géographe et statisticien Paul Meuriot (1861-1919). Elle fut précédée d’une stimulante analyse due à l’architecte et urbaniste Eugène Hénard (1849-1923)[6]. Il convient d’y ajouter, appartenant au domaine législatif, les travaux préparatoires et les dispositions de la loi du 12 avril 1906, dite « loi Strauss »[7], relative au logement social. L’originalité de la délimitation de la banlieue parisienne contenue dans ses dispositions n’avait d’ailleurs pas échappé aux rédacteurs du Rapport de la Commission d’extension :

« Il n’est pas sans intérêt de signaler que la législation sur les habitations à bon marché a, à deux reprises, fixé des zones de délimitation pour la petite et la grande banlieue. La loi du 12 avril 1906 a tracé autour des fortifications de Paris deux zones : l’une comportant les communes situées dans un rayon de 15 kilomètres, l’autre formée par les territoires de celles dont la distance aux fortifications est supérieure à 15 kilomètres et n’excède pas 40 kilomètres. La loi du 23 février 1912, qui a modifié la précédente, augmente le rayon de la zone de la petite banlieue et l’a porté de 15 à 20 kilomètres. Il résulte de cette disposition que tout le département de la Seine et une partie du département de Seine-et-Oise (avec Versailles) sont compris dans la « petite banlieue » et que la limite de la « grande banlieue » passe approximativement par Rambouillet, Dourdan, Étampes, Melun, Meaux, Senlis, Méru et Montfort-L’Amaury. »[8]

Bien que non entièrement consacrée à la capitale française, l’étude publiée en 1909 par Paul Meuriot[9] propose une délimitation de la banlieue parisienne reposant sur le recours à un critère statistique.

Cette tentative précède la création officielle, le 26 juin 1911[10], par le préfet de la Seine Justin de Selves (1848-1934), répondant à une invitation du Conseil de Paris (délibération du 31 décembre 1910), de la commission « chargée d’étudier les questions que soulève l’extension de Paris ». L’adoption par cette dernière du cadre administratif préétabli constitué par le département de la Seine ne signifie pourtant nullement que sa réflexion sur l’étendue de ce l’on commence alors à appeler le « (plus) grand Paris »[11] fut inexistante, ni même qu’elle aurait été victime d’une méconnaissance des réalités du terrain et de l’état réel de l’urbanisation de la banlieue.

Il convient donc, dans un premier temps, de rechercher quelles ont été les raisons du choix (en faveur du département) opéré par la Commission d’extension de Paris pour ses commentaires et ses propositions. L’absence de portée opérationnelle du travail de Paul Meuriot, qui sera examiné dans un second temps, et les imperfections qu’il présente ne doivent pas occulter son intérêt scientifique, notamment par comparaison avec le cadre spatial retenu par la Commission d’extension.

Le recours au concept de « territorialisation », non encore utilisé à l’époque mais que nous avons été amenés à adapter pour les besoins d’une recherche historique plus large[12], permettra, en conclusion, de prolonger ce travail comparatif.

Le choix spatial opéré par la Commission d’extension de Paris et ses raisons

Le cadre spatial retenu par la Commission d’extension de Paris est dépourvu de toute ambiguïté : « Le département de la Seine, dont le territoire couvre 47 389 hectares, paraît fournir le cadre naturel d’un plan d’extension : celui qu’Haussmann avait entrevu il y a une soixantaine d’années. »[13] Cette indication confirme celle qui figure dans le premier volume du Rapport (œuvre d’un autre auteur).

« Dans le cours de ce chapitre, le terme « banlieue » désignera seulement les communes du département de la Seine. Ce n’est pas que la limite du département soit en même temps celle de la banlieue. Des communes éloignées de Paris, comme Saint-Germain-en-Laye et Maisons-Laffitte ont évidemment subi, pour des causes diverses, l’influence de la capitale, plus que beaucoup d’autres qui en sont plus rapprochées. »[14]

Cette seconde formulation sous-entend la possibilité d’allonger la liste des localités concernées, mais il est permis de se demander pourquoi Argenteuil, Enghien, Montmorency, proches extérieurement des limites du département de la Seine, ou encore Versailles, autres exemples qui viennent immédiatement à l’esprit, n’ont pas été citées.

L’analyse proposée par le Rapport des différentes formes de l’influence exercée par la capitale sur sa banlieue[15] est fort instructive. Elle porte essentiellement sur les conséquences économiques de la proximité de Paris. L’aspect transformations morphologiques est surtout considéré à travers la prolifération des lotissements[16].

Chaque nouvelle extension de la capitale provoque le départ d’un certain nombre d’industries parisiennes qui cherchent à profiter de la plus-value des terrains qu’elles cèdent au centre (quand elles en sont propriétaires), à éviter une trop forte augmentation des loyers ou à se soustraire aux droits d’octroi perçus sur les marchandises entrant dans Paris. La proximité de la capitale entrave le développement du commerce de détail en banlieue, par exemple parce que les magasins parisiens assurent des services de livraison pour leur clientèle habitant en périphérie. La banlieue accueille des entrepôts du commerce de gros, des chantiers de bois et de charbon, des activités qui nécessitent l’occupation de surfaces importantes. Les besoins en alimentation de la population de Paris entraînent le développement des activités maraîchères et de primeurs dans ses environs.

À ce stade de l’exposé, cette analyse s’en tient aux relations issues de l’économie privée. C’est seulement dans le deuxième volume, fort brièvement, que les multiples interdépendances entre Paris et sa banlieue créées par la fourniture de services publics sont évoquées[17]. Par ailleurs, cette approche envisage uniquement l’aspect « activités ». Les migrations journalières entre domicile et lieu de travail, déjà intenses à cette époque grâce au développement des transports en commun, qui résultent des localisations de ces activités et de leurs emplacements successifs, sont ignorées.

La description de l’extension des lotissements, un phénomène diffus mais massif, dont la prolifération inquiétait les pouvoirs publics dès avant la Première Guerre mondiale, conduit les auteurs du Rapport à relever des manifestations tangibles du débordement du département de la Seine sous la poussée de l’urbanisation.

« Il en est de même à l’est, passé les limites du département [de la Seine] ; Gagny monte à l’assaut des derniers bouquets de bois et tend à rejoindre le lotissement de Montfermeil dont le peuplement a été rapide. »
« En dehors même du département [de la Seine], la population aisée de Paris émigre vers Croissy, Chatou, Le Pecq et toutes les communes comprises dans la seconde boucle de la Seine, entre Argenteuil et Maisons-Laffitte. »
« Les employés et les commerçants habitent, en compagnie des rentiers, des localités plus éloignées et où la vie est plus coûteuse. Ce sont : les abords du bois de Vincennes, la boucle de la Marne […] les localités de l’ouest desservies par la gare Saint-Lazare et où leur nombre est considérable (dans tout le vaste quadrilatère compris entre Rueil et Saint-Germain, à l’ouest, les hauteurs de Sannois et de Montmorency, au nord, Gennevilliers et Asnières, à l’est). »[18]

Ces observations relatives à l’influence exercée par Paris sur sa banlieue, à l’étalement urbain et au peuplement apportent autant de contre-exemples au choix des auteurs du Rapport de s’en tenir au seul département de la Seine. Une telle accumulation de preuves aurait normalement pu suffire à le remettre en cause.

Si on remonte à l’origine de la création de la Commission d’extension de Paris, on peut vérifier que la volonté de « coller » aux réalités de l’urbanisation était pourtant manifeste.

On la trouve exprimée dans les justifications de la proposition initiale du conseiller de Paris, Louis Dausset (1866-1940)[19], de voir créer ce qui allait devenir la Commission d’extension. Son Rapport général sur le projet de budget de la Ville de Paris pour 1911[20], présenté le 25 décembre 1910, contient un ensemble de constats portant sur les réalités nouvelles de l’agglomération parisienne. Voici les principaux :

« Les communes suburbaines qui sont venues s’accrocher en quelque sorte à son enceinte [les fortifications de Paris] se développent avec une rapidité toujours plus grande. »
« Ces petites villes dont plusieurs sont devenues plus importantes que beaucoup de chefs-lieux de départements, et qui font en réalité corps avec Paris dont elles ne sont séparées que par le mur, le fossé d’enceinte et la zone militaire appelés à disparaître dans un avenir que nous espérons très prochain. »
« Il est permis de prévoir l’époque où […] ces agglomérations juxtaposées à la capitale constitueront une sorte de plus grand Paris[21] formant un tout qui ne devra comporter aucune partie disparate. »
« Paris et sa banlieue forment une agglomération de 3 500 000 habitants environ ayant les mêmes intérêts au point de vue de la circulation, de l’hygiène et de l’esthétique. »[22]

Les trois premiers constats s’appliquent de toute évidence à des communes limitrophes de Paris. En revanche, en recourant au terme d’« agglomération », dans un sens d’ailleurs différent de celui qui figure dans le précédent (concentration de population dans une partie de territoire communal), et en avançant le chiffre de 3 500 000 habitants, le quatrième constat fait manifestement référence à un ensemble beaucoup plus étendu que celui formé par Paris et ses communes les plus proches. Cette indication statistique se rapproche en effet du chiffre de la population du département de la Seine tel qu’il s’établissait à l’époque : 3 848 618 habitants au recensement de 1906 (dénombrement le plus récent auquel il était alors possible de se référer compte tenu de la périodicité des recensements).

Dans ce discours, le balancement entre ce qui constitue, au regard de l’état d’avancement du peuplement et de l’urbanisation, la banlieue « véritable » et la référence au cadre administratif du département de la Seine est manifeste. Il n’est donc pas étonnant de le retrouver dans différents passages du Rapport de 1913. Dans ces conditions, on peut se demander quelles ont été les raisons du choix définitif effectué en 1913.

Il semble en effet que l’assimilation proposée par la Commission d’extension de Paris entre l’agglomération parisienne et le département de la Seine résulte plus de réalités politiques et administratives que de la prise en compte des réalités du terrain. Pour le comprendre, il est nécessaire de remonter à l’une des préoccupations premières, avec celles de l’assainissement et du logement social, de cette réflexion. Elle portait sur la question, alors centrale dans les débats politiques parisiens, de la désaffection des fortifications de Paris et de la future utilisation de leur emplacement. Cette réflexion s’est développée d’une part au sein de la Section d’hygiène urbaine et rurale du Musée social, créée en janvier 1908 à l’initiative de Jules Siegfried (1837-1922)[23], d’autre part à travers les débats du Conseil municipal de Paris[24].

Pour les hygiénistes et réformateurs du Musée social[25], la création d’espaces libres était considérée comme une nécessité et une priorité. Leurs futurs emplacements devaient se situer non seulement sur l’emprise des fortifications mais aussi au-delà dans la mesure où les défenses avancées de Paris, constituées par les forts d’Issy, de Montrouge, de Bicêtre, d’Ivry, de Charenton, disséminés dans la banlieue, offraient aussi la possibilité de créer sur leur emprise des espaces verts et des promenades publiques[26]. Cela obligeait à se projeter au-delà des limites officielles de la capitale, zone militaire comprise.

Au Conseil de Paris, à partir de 1910, Louis Dausset, dont on a vu le rôle décisif à l’égard de la création de la Commission d’extension, proposa la création d’un boulevard circulaire autour de Paris bordé d’immeubles résidentiels et, la constitution d’une ceinture verte destinée à occuper l’emplacement des fortifications[27].

En juillet 1907, sous la forme d’une proposition de loi, qui fut finalement rejetée, Jules Siegfried avait pris une première initiative. Elle prévoyait la création d’une Commission supérieure d’aménagement des fortifications, une instance qui aurait reçu autorité dans un rayon de 10 kilomètres à l’extérieur de Paris[28].

Posé en ces termes, ce problème d’urbanisme relevait à l’évidence des compétences de plusieurs échelons administratifs locaux. D’où le choix de la Commission d’extension de n’inclure dans sa réflexion que des communes à la fois proches de Paris et placées sous une autorité administrative unique, en l’occurrence celle du préfet de la Seine.

« Il a paru nécessaire de se restreindre ici à l’étude du développement des seules communes placées sous la même autorité administrative, et de se contenter d’esquisser à grands traits la formation du département de la Seine pour en considérer ensuite le développement et le peuplement, conséquences de l’extension de Paris, dans le courant du xixe siècle. »[29]

En dehors de la question des fortifications, la référence départementale commençait à s’imposer dans d’autres débats au cours des années 1910, comme celui portant sur l’organisation des services publics dans Paris et en-dehors de Paris. Leur gestion était de plus en plus envisagée par les responsables politiques et les élus locaux comme devant se concevoir à l’échelle de l’agglomération parisienne. Il s’agissait de surmonter une coupure institutionnelle, renforcée matériellement par la présence des fortifications enserrant la capitale.

Des années 1910 aux années 1930, Henri Sellier (1883-1943), pour s’en tenir à cette figure emblématique des élus de la banlieue parisienne au sein du Conseil général de la Seine[30], n’a cessé de militer activement, au nom de la recherche de l’efficacité de ces services et de la reconnaissance d’une indispensable solidarité entre Paris et ses communes suburbaines, en faveur de leur départementalisation[31]. Personnellement, il contribua, parmi bien d’autres réalisations, dont celles relevant du logement social avec la construction de cités-jardins (Le Plessis-Robinson, Châtenay-Malabry, Suresnes, Stains), à l’organisation du marché du travail à l’échelle du département de la Seine[32].

Des propositions plus radicales furent parfois émises par certains hommes politiques, comme celle de Louis Dubreuilh (1862-1924), alors secrétaire général de la SFIO. En 1912, dans les colonnes de L’Humanité, il alla jusqu’à militer en faveur de la constitution d’une vaste commune parisienne dont les limites se seraient confondues avec celles du département de la Seine[33].

Intellectuellement, à une époque où la IIIe République était désormais solidement établie, la référence départementale était devenue omniprésente dans les esprits, cette prégnance étant renforcée par les programmes de l’enseignement. Il n’est que de penser à l’influence exercée, partout en France, par l’édition de géographies départementales à usage scolaire. Ainsi, concernant la région parisienne, pour s’en tenir à la plus diffusée et utilisée, la Géographie du département de la Seine composée par Adolphe Joanne (1823-1881) connut pas moins de sept éditions actualisées entre 1881 et 1911[34].

Au-delà de ces facteurs politiques, administratifs et culturels, il est possible d’envisager encore au moins deux autres explications du choix spatial opéré par la Commission d’extension de Paris.

La première tient à son mode de fonctionnement. En deux années d’existence, on sait que cette commission, qui réunissait des membres du conseil municipal, des architectes, des ingénieurs, des fonctionnaires et des personnalités diverses, ne s’est réunie qu’une seule fois[35]. Le rendu de la Commission d’extension se présente du reste sous la forme d’un rapport inachevé puisque le troisième volume, celui consacré à la documentation bibliographique, s’arrête à ce qui ne devait constituer que sa première partie[36]. Ces conditions de fonctionnement n’ont guère été propices à l’engagement de recherches plus approfondies, en particulier celles qui auraient pu conduire à l’adoption d’un cadre territorial mieux pensé et plus en adéquation avec la réalité urbaine.

Le besoin de telles études plus poussées a pourtant été ressenti. Il a même connu un début de réalisation. C’est ce prouve la publication par Louis Bonnier (1856-1946), au lendemain de la Première Guerre mondiale, de deux remarquables articles consacrés au peuplement et aux déplacements à l’intérieur de l’agglomération parisienne. Le premier est d’ailleurs présenté comme une « contribution aux travaux la Commission d’extension »[37], ce qui autorise à le considérer comme une sorte de production différée des activités de cette dernière.

Mais, à ce moment là, de nouvelles structures institutionnelles se mettaient en place, ouvrant la phase suivante de l’histoire de l’aménagement de la région parisienne. En effet, la loi du 14 mars 1919 (dite « loi Cornudet »), qui rendait obligatoire pour les villes de 5 000 à 10 000 habitants en développement rapide, pour toutes celles de plus de 10 000 habitants, pour la totalité des communes du département de la Seine, pour les villes sinistrées lors de la guerre et les stations touristiques, l’élaboration d’un « projet d’aménagement, d’embellissement et d’extension », et celle qui a ordonné la désaffectation des fortifications de Paris (19 avril 1919) entraînèrent la création de la Direction de l’extension de Paris à la Préfecture de la Seine[38]. Rapidement, à la demande d’Henri Sellier, celle-ci s’est adjoint les services d’un Bureau d’études de l’extension de Paris, dirigé par Louis Bonnier, destiné à aider à l’élaboration des projets de plans communaux pour Paris et en banlieue.

La seconde explication renvoie aux exemples constitués par les expériences de certaines grandes villes étrangères. Elles ont visiblement influencé et conforté les auteurs du rapport de la Commission d’extension de Paris dans leur vision de l’aménagement de la région parisienne.

« Il existe un « grand Paris», constitué à l’avance, pourvu d’une organisation administrative complète : le département de la Seine, que les Allemands eux-mêmes rapprochent de leur « grand Berlin » et qui pourrait être également comparé pour son étendue au Comté de Londres. »[39]

La comparaison proposée semble d’ailleurs plus s’appuyer sur l’existence d’une structure administrative – le « grand Berlin », apparu en 1911 sous la forme d’un syndicat intercommunal[40] ; le Comté de Londres, créé en 1889 et placé sous l’autorité du London County Council – que sur celui des étendues respectives de ces trois entités. En effet, en 1913, la superficie du département de la Seine (478 km2) dépassait notablement celles du « grand Berlin » (263 km2) et du Comté de Londres (300 km2).

S’agissant de Londres, le rapprochement est particulièrement instructif, car on se trouve dans une situation comparable à celle de l’agglomération parisienne du fait d’une urbanisation également galopante. Dès le début du xxe siècle, il était acquis que le Comté de Londres ne contenait plus toute l’étendue déjà bâtie de la capitale britannique, qui le débordait dans bien des secteurs (comme à West Ham, à East Ham). À tel point que l’expression « Grand Londres » (Greater London) fit son apparition dès les toutes premières années du siècle, notamment en réponse aux besoins de certaines administrations publiques, comme la Police métropolitaine, ou de ceux de la politique de développement des transports en commun, de l’amélioration de la circulation routière. Malgré la création d’un Greater London Regional Planning Committee en 1927, placé sous la responsabilité du grand urbaniste Raymond Unwin (1863-1940), ce n’est qu’à la suite du London Government Act de 1963 que l’existence d’un « Grand Londres » sera enfin officiellement reconnue. Depuis 1986, il lui est substitué une Metropolitan Area.

Témoins du grignotage de certaines franges des départements de la Seine-et-Oise et de la Seine-et-Marne par la banlieue parisienne, attentifs aux relations de dépendance qui s’étaient établies entre Paris et sa banlieue, conscients des problèmes posés par la délimitation du périmètre de cette agglomération, les membres de la Commission d’extension de Paris semblent finalement avoir opté pour ce qui apparaît comme une solution de facilité. Pour le moins, provenant d’une instance qui avait reçu pour mission de penser l’extension de Paris, on se trouve en présence, même si le département de la Seine n’était pas encore entièrement urbanisé à l’époque, d’une vision passablement étriquée de l’espace urbain concerné.

Cette critique est d’autant plus fondée que certains travaux scientifiques existants, comme celui qui va être examiné maintenant, incitaient à se projeter plus loin.

L’intérêt du travail de Paul Meuriot

Il relève de la problématique de la comparaison de l’importance relative des plus grandes villes européennes de l’époque (Londres, Vienne, Paris, Berlin), avec une même question, simple en apparence, posée à leur sujet : quelle est l’étendue réelle de leur banlieue et, par voie de conséquence, quel est le périmètre de l’agglomération qui s’est formée autour d’elles ?

Ce questionnement se situe lui-même dans le prolongement des précédentes recherches de Paul Meuriot consacrées à l’étude statistique, démographique, économique et sociale des grandes agglomérations urbaines. Elles firent l’objet de sa thèse principale de doctorat, soutenue en 1897, Des agglomérations urbaines dans l’Europe contemporaine. Essai sur les causes, les conditions, les conséquences de leur développement[41]. Cette solide étude fut suivie d’autres contributions et communications consacrées à ce sujet. Elles furent publiées dans le Journal de la Société de Statistique de Paris, cercle scientifique dont Paul Meuriot devint membre en décembre 1896[42], et dans les actes des travaux de l’Institut international de Statistique, auxquels il a participé assidûment et activement à partir de 1909[43]. Au moment de sa disparition, en décembre 1919, Paul Meuriot était sur le point d’être élu à l’Académie des Sciences morales et politiques, une institution qui, à la différence de l’Université, prêtait une grande attention à ses travaux. Elle lui a d’ailleurs décerné plusieurs de ses prix[44].

Le Rapport de la Commission d’extension de Paris renvoie seulement en deux endroits aux travaux de ce statisticien, mais en faisant uniquement référence à sa thèse de 1897 et en omettant ses recherches ultérieures[45]. La première fois, au sujet des données permettant de faire ressortir, entre 1861 et 1896, la croissance démographique différentielle de Paris par rapport à celle (très supérieure) de la Seine-banlieue[46] ; un phénomène confirmé par les chiffres, produits dans le rapport, issus du recensement de 1911[47]. Une seconde fois à propos de la comparaison entre les croissances des populations de Paris, de Londres et de Berlin[48].

L’article qui nous intéresse ici[49] s’ouvre par des considérations méthodologiques préliminaires. Elles portent sur les problèmes rencontrés lors de la comparaison de l’extension des grandes villes. L’auteur montre les limites des calculs faisant intervenir des chiffres absolus ou des densités de population[50] et les difficultés posées par la variabilité des découpages administratifs au cours du temps.

Il aboutit à la conclusion qu’il convient de considérer les grandes capitales non pas dans leurs limites officielles, mais dans celles de ce qu’il qualifie de « périmètre d’agglomération ».

Après avoir indiqué « [Qu’]à Paris, le terme de banlieue n’a aucune précision officielle »[51], il écarte la solution qui consisterait à faire coïncider les limites de la banlieue avec celles du département de la Seine.

En effet, ces dernières se trouvaient déjà débordées par de nouvelles constructions et de multiples implantations d’activités. S’en remettant à un critère démographique et s’appuyant sur la remarque selon laquelle les villes modernes « croissent à travers leur banlieue », il considère que l’agglomération urbaine est formée de « l’ensemble des localités dont la croissance dépend de celle de la ville-centre ». Pour lui, compte tenu des caractéristiques du peuplement de la région parisienne, cette dépendance concerne toutes les communes qui, essentiellement sous la pression de l’immigration[52], connaissent une croissance de leur population extrêmement rapide.

D’où une approche élargie de l’agglomération parisienne :

« Mais les limites administratives du département de la Seine ne comprennent pas toute l’agglomération parisienne ; elle déborde sur le département de Seine-et-Oise, et, de 1876 à 1906, l’ensemble des cantons de ce département voisin de la Seine a augmenté de 70 % et cet accroissement représente près de 83 % de celui du département de Seine-et-Oise. »[53]

Cette formulation contient une part d’ambiguïté. S’agit-il de l’ensemble des cantons de Seine-et-Oise ou seulement de ceux qui sont limitrophes de la Seine ? Heureusement, cette incertitude se trouve immédiatement levée par la liste produite, figurant en note de bas de page, des cantons concernés. Il s’agit de ceux d’Argenteuil, de Boissy-Saint-Léger, de Gonesse, de Longjumeau, de Montmorency, de Poissy, du Raincy, de Saint-Germain-en-Laye et de Sèvres.

L’immigration, un facteur que l’auteur avoue ne pas pouvoir mesurer pour l’ensemble de l’agglomération ainsi définie, « joue le principal rôle » dans l’accroissement démographique ainsi constaté. La vérification de cette affirmation est tentée à partir de données se rapportant à dix communes de la Seine-et-Oise. Dans celles-ci, il se vérifie que la quasi-totalité (près de 93 %) de l’accroissement démographique est due à l’immigration[54].

En se reportant à la composition des cantons à l’époque, telle qu’elle figure dans l’Annuaire du département de Seine-et-Oise pour 1906, précisons que cela renvoie, d’après nos propres calculs, à un ensemble comprenant au total 220 communes et couvrant 1 411,66 km2[55]. Paul Meuriot évalue à 4 157 000 habitants en 1906 la population de cette agglomération, qu’il qualifie, successivement, de « vrai district urbain », de « région-ville » et, de manière plus imagée, empruntant une formule du géographe, militant communard et anarchiste, Élisée Reclus (1830-1905)[56] au sujet de Londres, de « province couverte de maisons »[57].

Il applique à l’ensemble ainsi délimité une dénomination qu’il importe de relever :

« Ces cantons suburbains qui circonscrivent le département de la Seine font topographiquement partie du « plus grand Paris », et la facilité des communications les met beaucoup plus près du centre de Paris que n’en était, il y a quarante ans, la très proche banlieue d’aujourd’hui. »[58]

La démonstration contenue dans cet article aurait normalement dû constituer une mise en garde quasi définitive contre une assimilation trop étroite et discutable entre les deux entités formées par l’agglomération parisienne et la circonscription administrative du département de la Seine. Manifestement, la Commission d’extension de Paris n’a pas su (voulu) tirer parti de cette contribution, même, éventuellement, en en proposant une analyse critique.

En effet, tant sur le plan de l’observation que sur celui de l’analyse spatiale, l’essai de Paul Meuriot n’est pas sans présenter des imperfections. Concernant l’observation de l’état de l’urbanisation de la région parisienne à laquelle il se livre, plusieurs remarques s’imposent.

L’auteur passe sous silence l’existence d’une autre forme de croissance suburbaine, certes finissante au début du xxe siècle, mais encore en cours au moment où il écrit : celle de la « petite banlieue » formée par les communes (Belleville, Grenelle, Vaugirard, La Villette) ou parties de communes (Auteuil, Batignolles-Monceau, Bercy, La Chapelle, Charonne, Montmartre, etc.) qui avaient été annexées à Paris en 1860.

En considérant que l’agglomération parisienne comprend le département de la Seine et les neuf cantons susnommés, il n’aborde pas la question du degré d’urbanisation atteint par le premier. Il se contente d’une indication fort générale : « Sauf quelques exceptions insignifiantes, il n’est pas de commune du département [de la Seine] qui n’ait vu s’accroître sa population de façon très sensible. »[59]

Le fait d’aller rechercher des exemples (Maisons-Laffitte, Villeneuve-Saint-Georges) de fortes croissances démographiques (principalement dues à l’immigration) en-dehors des neuf cantons retenus initialement prouve la nécessité qu’il y aurait eu à se livrer à une étude plus systématique et plus poussée. Manifestement, l’agglomération parisienne s’étendait déjà, dans certaines zones, au-delà des limites des neuf cantons précités.

Sur le plan de l’analyse spatiale, l’essai de Paul Meuriot n’échappe pas non plus à la critique du recours à un découpage administratif préexistant puisque c’est par référence à des cantons, simples circonscriptions électorales, et à des territoires de communes considérés dans leur totalité que le « périmètre d’agglomération » se trouve délimité. Un travail plus rigoureux aurait impliqué une recherche de terrain avec repérage des zones intracommunales réellement urbanisées.

Enfin, les relations de dépendance entre Paris et sa banlieue, dont on a vu à la lecture du Rapport de la Commission d’extension qu’elles sont multiples, ne sont ici considérées qu’à travers leur effet démographique. Sur ce point, s’il faut admettre que l’analyse de P. Meuriot est moins complète que celle de la Commission, il est vrai que le volume imparti aux deux publications et les moyens humains mobilisés pour l’une et pour l’autre ne sont en rien comparables.

Sur le plan méthodologique, le rapprochement qui vient d’être effectué entre le Rapport de la Commission d’extension de Paris et l’article de Paul Meuriot prouve que l’on se trouve en présence, dès cette époque là, de deux manières de concevoir une « territorialisation » d’un espace urbanisé. Précisons le sens que nous donnons à ce terme, largement utilisé depuis les années 1980 et 1990 pour caractériser des formes d’interventions publiques consistant à en concentrer les moyens sur des zones géographiques considérées, en raison de leurs besoins, de leurs handicaps ou, au contraire, de leurs ressources et de leurs potentialités, comme prioritaires. On parle ainsi, fréquemment, de « territorialisation » des politiques d’éducation, de l’emploi, de l’habitat social, de la recherche et développement, de la santé, etc. Parfois, ce terme sert aussi à l’étude de phénomènes communautaires ou identitaires observés dans des populations à fort ancrage territorial.

Comme l’a expliqué Claude Raffestin[60], le territoire[61] ne renvoie pas uniquement, comme c’est le cas dans sa conception traditionnelle, à une portion d’espace strictement délimitée et soumise à une autorité. L’existence d’un territoire est toujours précédée d’une démarche cognitive, car il se trouve d’abord délimité en pensée. Cela vaut aussi bien pour ceux qui l’étudient et le pensent (historiens, géographes, politologues, économistes) que pour ceux qui, placés en position d’acteurs, l’accaparent, le gouvernent ou l’aménagent.

« En s’appropriant concrètement ou abstraitement (par exemple par la représentation) un espace, l’acteur « territorialise » l’espace. […] Produire une représentation de l’espace est déjà une appropriation, donc une emprise, donc un contrôle même si cela demeure dans les limites d’une connaissance. »[62]

Dans le cas d’une agglomération urbaine, que ce soit celle de Paris ou une autre, par « territorialisation » nous entendons toute démarche qui, par le recours à un nombre variable de critères objectifs (population, densité de peuplement, dessertes, migrations quotidiennes), le repérage de certains traits distinctifs (étendue bâtie, présence de certains types d’activité ou de constructions), la fixation arbitraire d’un rayon kilométrique, l’adoption d’un contour déterminé, s’appuyant éventuellement sur des découpages administratifs existants, ou tout autre procédé, tente de lui assigner des limites.

Les deux études dont il a été principalement question ici peuvent être appréhendées sous cet angle. Faisant référence à une étendue non encore totalement urbanisée au moment de la publication de son rapport, mais vraisemblablement destinée à l’être dans un avenir qu’elle était cependant incapable de préciser, la Commission d’extension de Paris a pratiqué ce qu’il est possible d’appeler une « territorialisation a priori » de l’agglomération parisienne. Considérant l’étalement urbain sous l’angle de la répartition et de la dynamique observées de la population, recourant aux résultats des derniers recensements, Paul Meuriot a, de son côté, procédé à une « territorialisation a posteriori » de cette agglomération.

Dans un cas comme dans l’autre, il est certain que la référence à un « (plus) grand Paris » était entrée dans les usages au moins dès les années 1909-1913. Les travaux qui ont été analysés dans la présente contribution le montrent.

Pour autant, il est manifeste que l’on en restait à cette époque là à de perceptions très générales. Elles laissaient entière la question de savoir ce qu’il en était de la réalité et de l’unité organique, présente ou future, de ce « grand Paris ».

Elle était d’ailleurs loin d’être résolue. Une vingtaine d’année plus tard, en 1932, menant une réflexion de fond sur le « Paris moderne », celui qui avait succédé au Paris d’Haussmann et qui se trouvait de plus en plus à l’extérieur de ses fortifications, André Morizet pouvait tout aussi bien affirmer, « Le « Grand Paris » existe : tel est le fait »[63] et, quelques dizaines de pages plus loin, énumérant les problèmes non résolus à l’échelle de l’agglomération (tenant au logement, aux transports, aux services publics, à l’organisation administrative, au financement des opérations d’aménagement), appeler à ce que, enfin, le « Grand Paris prenne figure et vive »[64]. Vu l’énorme poussée de l’urbanisation en région parisienne qui avait été enregistrée après la Première Guerre mondiale, dans la ligne des études qui ont été analysées ici, cela annonçait aussi le besoin de renouvellement permanent des tentatives de « territorialisation » de la banlieue et de l’agglomération parisiennes.

Références bibliographiques complémentaires

Paul Meuriot, « Les divers modes d’évaluation de la population de Londres », Journal de la Société de Statistique de Paris, no 4, XLV, 1904, p. 144-150.
Idem, « La transformation des agglomérations urbaines sous l’influence des facteurs physiques, économiques, administratifs et sociaux », Mémoires de l’Académie des Sciences morales et politiques, décembre 1904. Voir discours de Félix Rocquain, séance du 10 décembre 1904, dans Mémoires de l’Académie des Sciences morales et politiques, XXV, Paris, Firmin-Didot, 1907, p. 176-177.
Idem, « La métropole de l’Amérique latine. Buenos Aires au début du xxe siècle », Journal de la Société de Statistique de Paris, no 2 et 3, XLIX, 1908, p. 56-67 et 86-92.
Idem, « Les migrations internes dans quelques grandes villes », Journal de la Société de Statistique de Paris, no 8, L, 1909, p. 390-400.
Idem, « Les villes prussiennes », Journal de la Société de Statistique de Paris, no 7, LI, 1910, p. 277-278.
Idem, « De la mesure des agglomérations urbaines », Bulletin de l’Institut international de Statistique, no 1, XIX, 1911, p. 63-65 et 157-161.
Idem, « Dans quel sens se développent nos grandes villes européennes ? », Journal de la Société de Statistique de Paris, no 5, LIII, 1912, p. 238-247.
Idem, « Rapports sur la mesure des agglomérations urbaines, le mouvement migratoire à Paris et à Londres à l’époque contemporaine, l’état présent de la statistique religieuse en Europe et hors d’Europe », Journal de la Société de Statistique de Paris, no 11, LIV, 1913, p. 590-592.
Idem, « De la valeur du terme de banlieue dans certaines métropoles : Paris, Berlin, Londres », Bulletin de l’Institut international de Statistique, no 2, XX, 1915, p. 320-329.
Idem, « Du concept de ville autrefois et aujourd’hui », La Vie urbaine, no 1-2, 1919, p. 145-153. (Intégralement reproduit dans : Marcel Roncayolo, Thierry Paquot (dir.), Villes et civilisation urbaine, xviiie-xxe siècle, Paris, Larousse, 1992, p. 21-26).